Le rôle crucial de l’eau pour l’avenir de nos forêts
Une équipe de chercheurs, notamment du laboratoire bordelais Biodiversité, gènes et communauté, reviennent dans un article paru le 9 mars 2020 dans la revue Nature Plants sur la gestion de l'eau des organismes clés de voute des forêts : les arbres et les mousses. Ils y reconsidèrent le paradigme selon lequel l'évolution du système vasculaire serait l'innovation qui a propulsé l'évolution des plantes vasculaires.
- 17/04/2020
© Myriam Zilles - Pixabay
L’évolution des plantes terrestres au cours des temps géologiques était jusqu’à présent régie par un dogme : les arbres sont ce qu’ils sont grâce à l’acquisition d’un système vasculaire qui leur permet d’acheminer l’eau dans toute la plante, y compris au sein de la canopée, là où la photosynthèse est la plus efficace. Une équipe de scientifiques, notamment du laboratoire Biodiversité, gènes et communautés (Biogeco - INRAE et université de Bordeaux) ont récemment mis en évidence qu’une mousse, espèce non vasculaire, possède un appareil circulatoire fonctionnellement très proche de celui des arbres.
Qu’en est-il de la gestion de l’eau dans le règne végétal ?
Leurs travaux montrent en effet, que cette mousse possède des canaux qui transportent l’eau avec la même efficacité que le font ceux de leurs cousins les arbres. Ces vaisseaux ne s’affaissent pas sous une tension élevée et sont très résistants à l’embolie vasculaire. Mais alors qu’est ce qui différencient les mousses des arbres quant à leur gestion de l’eau ? La différence se trouverait dans leurs feuilles et non dans leur appareil vasculaire, c’est ce qu’ont mis en lumière les chercheurs.
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— Sylvain Delzon (@SDelzon) April 17, 2020
Les feuilles possèdent une face supérieure tournée vers le ciel qui permet de capter les rayons du soleil pour effectuer la photosynthèse, et une face inférieure tournée vers le sol, criblée de pores qui permettent de laisser passer plus ou moins l’eau en fonction des conditions climatiques. Et c’est justement ces pores, appelés stomates, qui sont très inefficaces chez les mousses pour la gestion de l’eau. Ce n’est donc pas via un perfectionnement de l'appareil vasculaire au cours de l'histoire évolutive que les végétaux primitifs ont pu devenir des arbres gigantesques ; mais plutôt via l’apparition d’un système de régulation efficace des pertes en eau au niveau des feuilles. Les arbres peuvent ainsi survivre dans une atmosphère bien plus asséchante que les mousses, mais cette capacité d’ajustement peut atteindre une limite lorsque les conditions deviennent anormalement sèche.
Pour en savoir plus : lire le communiqué de presse INRAE
Référence bibliographique
Brodribb, T.J., Carriquí, M., Delzon, S. et al. Advanced vascular function discovered in a widespread moss.
Contact scientifique
Sylvain Delzon
Chercheur en écologie forestière au laboratoire Biogeco