Vin : mieux produire et moins polluer
Le dernier café "Les sciences autrement" intitulé « Vin bio : alternatives possibles à la viticulture conventionnelle » s’est tenu le 4 mai à la librairie Georges de Talence. Dominique Forget, œnologue et ingénieur de recherche Inra sur le projet Resintbio et Adeline Alonso Ugaglia, maître de conférence à Bordeaux Sciences Agro, étaient présents pour parler impact environnemental et agriculture alternative.
- 21/06/2016
Vignes © Ulrich Müller - Fotolia
Qu’est-ce qu’un vin bio ? C’est une grande question, surtout lorsque l’on sait qu’en quelques années, la France est passée de 30 000 à 50 000 hectares dédiés à la viticulture biologique et que 95 % du vin bio consommé en France provient bien de l’intérieur de nos frontières. Et bien il faut savoir qu’un vin bio n’est pas un vin « non traité » comme pourrait le penser le commun des mortels. Il s’agit plutôt d’un vin issu d’une viticulture sans engrais ni produits phytosanitaires de synthèse, faite dans le respect des sols, de l’environnement et de la biodiversité, selon la certification mise en place en 2012.
S’ils ne sont pas traités chimiquement, en revanche, les vignobles sont soumis au dioxyde de soufre afin de protéger les pieds de vigne des maladies. « Dans certaines régions, il serait possible de ne pas sulfater les vignes, mais ici dans le bordelais, les conditions climatiques nous y obligent, sinon nous n’aurions pas de vin » explique Dominique Forget, œnologue et directeur de l’unité expérimentale Inra du château Couhins, à Villenave d’Ornon. Si l’agriculture biologique fonctionne en terme de réduction de l’impact environnemental, l’équipe de Dominique Forget travaille actuellement sur un projet appelé Resintbio visant à trouver de nouvelles alternatives à l’agriculture dite conventionnelle.

Grâce à des mesures sur trois parcelles, d’un même cépage, cultivées de manières différentes, les scientifiques se rendent compte que la culture d’une vigne résistante génétiquement aurait une incidence environnementale neuf fois moins importante qu’en agriculture traditionnelle. Une autre alternative est déjà mise en œuvre, il s’agit de la biodynamie ou viticulture intégrée. Cela correspond à une viticulture biologique dans laquelle on prend en compte l’environnement direct de la vigne, par exemple, les plantes qui poussent entre les rangs et les insectes. Celle-ci nécessite donc une intervention humaine minimale.
C’est une agriculture qui à l’instar du bio est deux fois moins impactante pour l’environnement, qui rejette moins de cuivre et respecte mieux les sols.
Quand l’Homme devient acteur de l’agriculture
Quoi qu’il en soit le facteur déterminant dans ces alternatives reste le choix du consommateur et par conséquent l’aspect économique. Même si, d’après Adeline Alonso Ugaglia, maître de conférence à Bordeaux Sciences Agro, « il n’est pas forcément plus coûteux de faire du bio, c’est finalement la recherche d’une nouvelle clientèle qui est plus difficile pour les agriculteurs. »
Finalement le passage à la viticulture biologique, s’il est préparé bien à l’avance, permet de faire des économies et d’aller séduire une nouvelle clientèle. Donc, choisir des produits issus de l’agriculture biologique ou intégrée permet aux agriculteurs traditionnels de se convertir et de mieux produire. Le tout en préservant leur santé et l’environnement.
Alors, consommateurs de vin, la balle est dans votre camp !
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