Comprendre l’impact de l’épidémie de coronavirus sur le bien-être et la santé mentale
Une équipe de chercheurs du centre de recherche Bordeaux Population Health (Inserm et université de Bordeaux) associée à la société Kappa Santé ont récemment lancé CONFINS, une grande étude sur les effets de l’épidémie de coronavirus SARS-CoV2 et du confinement sur le bien-être et la santé mentale de la population. Explications avec le professeur d’épidémiologie Christophe Tzourio, directeur du centre Bordeaux Population Health.
- 19/05/2020
« Tout le monde sait maintenant que les conséquences psychologiques de l’épidémie et du confinement sur l’ensemble de la population représentent un sujet majeur. Cette situation inédite modifie en profondeur le quotidien de chacun et peut amener à un isolement social. Certains experts parlent même des troubles psychologiques comme deuxième épidémie à laquelle on est peu préparé. C’est d’autant plus vrai que le déconfinement va probablement être décevant pour ceux qui pensent revenir à la vie d’avant l’épidémie » avance Christophe Tzourio, épidémiologiste, directeur du centre Bordeaux Population Health (BPH, unité Inserm et université de Bordeaux) et responsable de la cohorte i-Share sur la santé des étudiants.
Etudier les répercussions psychologiques du confinement
C’est pourquoi la production de connaissances autour de l’épidémie et de ses conséquences sur la santé mentale de la population à court et moyen terme est indispensable. C’est l’objectif de l’étude CONFINS lancée début avril 2020 par une équipe de chercheurs de BPH et la société Kappa Santé.
« Nous avons monté ce projet de recherche très rapidement, en associant à la composante scientifique de l’université de Bordeaux, les compétences numériques dans le domaine de la santé publique de Kappa santé. Le but principal de cette cohorte est de mesurer l’état psychologique des participants et de le suivre dans le temps, ce qui nous permettra d’évaluer l’importance du problème et d’apporter des solutions » explique le professeur Tzourio.
Les étudiants ne sont pas la seule cible
Pour atteindre ces objectifs, l’étude CONFINS s’intéresse à deux groupes: l’un constitué d’étudiants dont certains issus de la cohorte i-Share, l’autre, d’un échantillon en population générale recrutée, entre autres, via les réseaux sociaux. Deux questionnaires distincts ont été établis. « Il est certain que la population étudiante qui a déjà des niveaux de stress et de dépressivité élevés (20 à 30% d’entre eux selon les données de l’étude i-Share) a été impactée par cette situation : éloignement, perte de revenus, conditions de confinement parfois pénibles, inquiétudes sur les examens, pour leur avenir professionnel, etc . Une partie d’entre eux n’ose pas demander de l’aide. Nous espérons avec CONFINS toucher tous ceux-là aussi. L’analyse des réponses permettra d’affiner les dispositifs de prise en charge » déclare l’épidémiologiste. La population « non étudiante » est aussi vivement encouragée à participer. Cela permettra d’établir des comparaisons.
Cette étude est un projet de recherche participative de grande envergure pour l’université de Bordeaux. J’invite chacun à y participer afin de contribuer ensemble à renforcer l’effort collectif dans la lutte contre cette épidémie.
Rejoindre la cohorte CONFINS, c’est l’occasion de faire avancer la recherche en santé mentale
A ce jour, plus de 2500 personnes, étudiants et non étudiants ont déjà répondu, un chiffre très encourageant. Le questionnaire initial, (une vingtaine de minutes suffit pour y répondre) est suivi d’un questionnaire mensuel pendant un an.
Les questions posées peuvent être assez générales : « quelle note donneriez-vous à votre qualité de vie cette semaine », « que pensez-vous de l’évolution de l’épidémie ? » ou porter sur des points plus précis autour de sujets clés, par exemple celui lié aux vaccins. Comme l’explique Christophe Tzourio « l’hésitation vaccinale est très forte en France. Cette tendance va-t-elle évoluer ? Mieux connaitre le profil des gens opposés aux vaccins permettra aux autorités sanitaire d’adapter leur communication.»
Toutes les données collectées et anonymisées seront analysées dans le cadre de l’étude pour mesurer, évaluer et caractériser différents facteurs tels que l’isolement, l’humeur, ou encore le niveau de stress. Sur le long terme, l’étude permettra de faire avancer les connaissances en santé mentale en liant ces indicateurs avec la situation exceptionnelle vécue actuellement par tous. Les données seront aussi utiles pour développer des réponses adaptées à l’accompagnement des personnes fragilisées par cette expérience unique. A préciser : cette étude épidémiologique est dite « observationnelle », c’est-à-dire qu’elle ne représente aucune contrainte pour les participants et ne nécessite ni consultation, ni prescription ou examen complémentaire particulier. Les participants seront tenus informés des résultats globaux de l’étude une fois que celle-ci sera achevée, sur demande formulée auprès de l’équipe de recherche.
Participer à l'étude
Retrouvez toutes les informations et modalités de l'étude CONFINS.