U25 : le cap pour l’université de Bordeaux d'ici 2025

Entretien avec Manuel Tunon de Lara, président de l'université de Bordeaux, autour du plan stratégique de l’établissement, U25 –pour université 2025.

  • 25/04/2016

Manuel Tunon de Lara © Olivier Got Manuel Tunon de Lara © Olivier Got

Vous avez annoncé un plan stratégique pour l'université de Bordeaux, U25, qui vise un horizon à 10 ans. Pourquoi cette "échéance" en 2025 ?

La création récente de notre université est le fruit d'un projet stratégique qui visait à réorganiser l'enseignement supérieur et la recherche sur le site bordelais. Ce projet a connu une forte accélération avec l'Opération campus et l'Idex Bordeaux qui nous ont permis d'atteindre la plupart de nos objectifs. Maintenant il faut lever le nez du guidon et se projeter dans un temps plus long pour anticiper ce que doit devenir l'université de Bordeaux. Mais pour cela, il faut dépasser la temporalité des mandats électifs ou des contrats avec l’État et se fixer des objectifs pour l'université elle-même, et pas uniquement l'aboutissement de tel ou tel projet. De ce point de vue-là, une période de 10 ans permet d'être réaliste tout en dépassant les échéances actuelles.

Se projeter dans un temps plus long [...], dépasser la temporalité des mandats électifs ou des contrats avec l'Etat.

Quels sont les grands enjeux auxquels l’université de Bordeaux doit faire face ?

L’Université a pour mission de former toute une classe d’âge et, d’une manière générale, de transmettre le savoir qu’elle produit à son environnement économique et social. Elle est donc au centre de plusieurs grands défis qu’elle doit contribuer à relever :

  • Le paradigme de la formation doit changer : ne pas se rendre compte que les besoins des étudiants ont changé mettrait l’université en danger. Derrière le diplôme universitaire, il doit y avoir un faisceau de compétences qui permettent à l’étudiant de s’accomplir dans sa vie future, professionnelle et de citoyen ; cela passe, entre autres par un changement pédagogique profond et adapté aux nouvelles technologies.
  • L’enseignement supérieur est déjà mondialisé et le sera de plus en plus. L’avenir de l’université sera donc international, à la fois par sa capacité à attirer les meilleurs étudiants et enseignants mais également par son image et sa présence à l’étranger.
  • L’une des forces indispensables au développement de l’université, c’est l’excellence de sa recherche. Au delà de l’exigence de chaque discipline, ce sera de plus en plus la combinaison de plusieurs disciplines entre elles qui permettra d’avancer, et en particulier de répondre aux grandes questions sociétales que les citoyens et leurs dirigeants sont en droit de se poser. L’université devra répondre présent.

Quelles sont les grandes lignes du plan stratégique de l'université de Bordeaux ?

Nous avons identifié 4 grands thèmes qui sont déterminants pour la réussite de l’université dans les dix prochaines années et qui peuvent être déclinés en objectifs opérationnels. Ils répondent en grande partie aux défis que je viens d’évoquer :

  • L’université dans son rôle : il s’agit de s’appuyer sur ses meilleures forces de recherche pour contribuer à relever les grands défis sociétaux ; cela passe par certaines spécialisations fortement ancrées dans notre environnement économique et social et par une approche multidisciplinaire assez systématique.
  • Une expérience académique renouvelée : l’offre de formation doit correspondre aux besoins des étudiants et de leurs futurs métiers, l’université est très bien placée pour réussir à la condition de s’ouvrir sur son environnement, en particulier celui des entreprises, et de rompre avec cette vieille habitude de « l’entre-soi », si elle existe encore ! Ce renouvellement est également pédagogique, l’université doit se positionner en leader sur ce plan là.
  • Des savoirs ouverts à l’innovation et la créativité : l’université devrait être un vivier de créativité et faciliter le plus possible l’innovation. Il faut donc créer les conditions favorables à cela en étant en pointe dans la recherche, en s’appuyant sur celle-ci pour enseigner, en se nourrissant de plusieurs disciplines à la fois, en accompagnant les talents dans leurs initiatives. Cette dynamique doit permettre de créer peu à peu une forme d’écosystème dans lequel les entreprises trouvent leur place et dont elles tirent des innovations pour leur propre développement.
  • Une efficacité institutionnelle : il n’y a pas d’avenir sans soutenabilité institutionnelle et, sans entrer dans le débat du rôle de l’Etat, il faut que l’université française en général, et l’université de Bordeaux en particulier, prenne le bon virage pour s’appuyer sur un dispositif responsable et financièrement soutenable. Pour moi cela passe par beaucoup plus d’autonomie et une nouvelle relation plus engageante de part et d’autre avec la tutelle.

Comment travailler pour réaliser cette ambition ?

Nous avons d’abord identifié 4 priorités transversales qui doivent constituer des leviers d’action sur lesquels nous devons jouer pour transformer l'université : l’internationalisation, le numérique, l’urbanisation du campus et la gestion des talents. A chacune de ces priorités correspondent différentes actions qui peuvent être déclinées dans notre organisation.

D’autre part nous devons construire collectivement une feuille de route, une sorte de plan opérationnel que chacun doit pouvoir s’approprier à son niveau et dans son environnement immédiat.

Concrètement, comment est conçu ce plan stratégique ?

Le plan stratégique a été une réflexion portée par l’équipe de direction et a fait l’objet de plusieurs séminaires internes afin de dégager une vision, des thèmes, des priorités. Ce travail s’est également appuyé sur la réflexion menée par les collèges et les départements qui ont la vision plus spécifique de tel ou tel champ disciplinaire et qui doivent aussi anticiper ce que seront leurs défis en termes de recherche et de formation.

Les grandes orientations ont été discutées par le conseil d’orientation stratégique de l’université dans lequel siègent les organismes de recherche, les collectivités et nos partenaires académiques les plus proches comme Sciences Po, Bordeaux INP ou Bordeaux Sciences Agro. Nous avons eu l’occasion d’inviter des experts extérieurs et avons mis en perspective les orientations stratégiques nationales et européennes qui impactent nécessairement notre démarche. Tous ces éléments ont été pris en compte dans le programme Idex qui est encore dans une phase probatoire mais qui doit pouvoir se projeter à plus long terme avec l’ensemble de nos partenaires.

Mots clés :

Cadre pour l’élaboration d’un plan stratégique

Les premiers éléments de ce plan stratégique ont été présentés au conseil des composantes et font l’objet d’un document de travail mis à disposition de chacun.

L’université, vous l’imaginez comment en 2025 ?

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