Une collaboration renforcée autour du numérique en Nouvelle Aquitaine
L’université de Bordeaux et ses partenaires* de l’enseignement supérieur de Nouvelle-Aquitaine ont signé le 9 février 2021 une convention de coordination numérique territoriale afin de renforcer le développement collectif et réfléchi du numérique dans la Région. Explications en 3 questions avec Guy Melançon, vice-président en charge du numérique et Olivier Pujolar, vice-président en charge des partenariats et des territoires à l’université de Bordeaux.
- 26/04/2021
Câbles Ethernet / Freepik
Quel est l'objectif de cette convention de coordination numérique territoriale ? Dans quel contexte a-t-elle été conclue ?
Cette CCT repose sur 7 actions précises sur lesquelles les établissements ont convenu de coopérer, chaque établissement prenant la responsabilité d'une ou plusieurs de ces actions pour le compte des autres. Très vite, le sujet numérique est apparu comme devant être porté collectivement et, sur le modèle de la CCT, le choix d'une convention de coordination numérique territoriale (CCNT) a été fait. Réunissant les chefs d'établissement et les Direction des Systèmes d’Information, la commission numérique territoriale est l'organe d'échanges, de définition de la stratégie numérique commune et de décision.

Pour mener à bien la coordination de leurs actions en matière numérique, les établissements disposent de 8 emplois, affectés à l'université de Bordeaux qui assume la responsabilité d'établissement coordinateur. L’objectif est d’organiser le travail et d’impulser la dynamique de coordination à l’échelle de tous les partenaires. Cette organisation va entre autres permettre un dialogue plus simple avec la Comue Léonard de Vinci qui continue à réunir des établissements du nord de la Nouvelle-Aquitaine.
Guy Melançon : Afin de répondre à ces enjeux en favorisant la mise en place collective de projets ambitieux, la coordination installée sur le volet numérique depuis plusieurs années entre les établissements du sud Aquitain est poursuivie. Sur un nombre de dossiers, elle s’étend aux établissements situés au nord de la Nouvelle-Aquitaine, ce qui nous amène à travailler certains dossiers conjointement avec la ComUE Léonard de Vinci et les établissements qui en sont membres.
Quels sont ses principaux enjeux ? Quels en seront les bénéfices au niveau territorial ?
Olivier Pujolar : L’ambition commune que nous partageons est d’améliorer le potentiel universitaire et scientifique, de réduire les inégalités territoriales, de faciliter la structuration en réseau des forces de recherche et d’enseignement supérieur et de favoriser l’attractivité des différents campus régionaux et la réussite de nos étudiants.
Les enjeux sont ceux du numérique qui emporte sur certains sujets une dimension territoriale. C'est le cas de la plupart des projets du prochain Contrat de Plan État-Région 2021-2027 (CPER) qui sont abordés dans le cadre de cette convention. Le développement du réseau très haut-débit en est l'exemple emblématique, mais c'est le cas aussi des équipements scientifiques de calcul, ou des équipements venant en appui des formations dont les infrastructures doivent être envisagées à l'échelle régionale.
La coordination joue aussi un rôle dans le dialogue avec la ComUE Leonard de Vinci et les établissements du "nord" (Université de Poitiers, Université de Limoges, ISAE-ENSMA). De nombreux sujets sont en effet abordés à l’échelle de la région Nouvelle-Aquitaine, et passent à ce jour par une coordination entre nord et sud.
Guy Melançon : La transformation numérique est enclenchée dans tous les métiers et dans toutes les communautés, accélérée par la crise sanitaire et le recours massif au travail à distance et à l’hybridation des enseignements. Cette mutation qui voit se mettre en place des projets à l’échelle régionale en formation et en recherche se caractérise par une forte multiplication des usages, l’explosion des données et de leurs stockages, conjugués au besoin d’une augmentation sensible des vitesses de traitement et de transmission.
Tout cela nécessite des infrastructures numériques sécurisées et de très haut niveau, notamment des réseaux de télécommunications qui doivent permettre un fonctionnement sécurisé et à très haut débit de l’usager jusqu’aux systèmes de traitement et stockage des données. La transformation en marche passe également par l’émergence du data center mutualisé à l’échelle de la grande région, ouvrage majeur et structurant pour lequel les études ont mis en avant un très fort besoin en matière de connectivité aux réseaux de télécommunications
Quels projets concrets vont voir le jour grâce à cette convention ?
Olivier Pujolar : La CCNT permet de poser un cadre aux échanges entre les établissements concernant les sujets numériques, elle précise les principes sur lesquels ces échanges sont fondés. La préparation et le lancement du CPER 2021-2017 constituent évidemment un contexte opportun et favorable à ces échanges. Mais au-delà, ce sont des projets concrets qui vont pouvoir continuer à se développer ou parfois voir le jour. En matière de recherche, les établissements (et leurs partenaires) sont de plus en plus souvent appelés à développer leurs collaborations et ce développement passe souvent par un renforcement des réseaux et infrastructures numériques.
La dimension formation est évidemment également concernée: même s'il préexistait, la crise sanitaire a fait ressortir le caractère essentiel du support numérique et les nombreux besoins existants (réseaux, plateformes pédagogiques, stockage, etc.). Le renforcement et la structuration, en lien avec les autres établissements, des infrastructures et réseaux numériques sont enfin des clés essentielles pour le maillage territorial de l'enseignement supérieur néo-aquitain. Ainsi, la desserte des campus délocalisés pourra être améliorée, des expériences telles que les formations en santé délocalisées ou encore les campus connectés pourront elles aussi bénéficier d'un support numérique adapté.
Guy Melançon : Dans le cadre de la préparation du futur Contrat de Plan État-Région 2021-2027, les établissements de Nouvelle-Aquitaine ont construit et présenté 3 projets communs de dimension régionale :
- Campus@THD qui ambitionne la transformation des réseaux de télécommunications sécurisés à très haut débit sur les campus du territoire, en articulation avec le niveau métropolitain (REAUMUR) et s’appuyant sur la nouvelle dorsale régionale portée par l’État et la Région.
- Campus@DATACENTER qui vise la construction de services d’infrastructures Cloud mutualisés et fortement appuyés sur le data center régional à venir.
- DOREMI ciblant la mise en place de nouvelles infrastructures mutualisées de calcul intensif et de stockage à destination de l’ensemble des unités de recherche et des plateformes de services des établissements ESRI de la région en partenariat avec les organismes de recherche présents sur les sites.
Je tiens également à souligner l’implication des Directions des systèmes d’informations des différents établissements dans la conduite de ces projets. Il faut aussi mentionner la mise en place d’une cellule de coordination numérique depuis décembre 2021 opérée par la DSI de l’université de Bordeaux, composée à ce jour de deux personnes dédiées ainsi que plusieurs personnels dont la mission est d’organiser la coordination territoriale.
*Sciences Po Bordeaux, Bordeaux Sciences Agro, Université Bordeaux Montaigne, Bordeaux INP, Université de Pau et des Pays de l’Adour, La Rochelle Université
(1) La convention de coordination territoriale a été approuvée le 13 mai 2020 par arrêté conjoint de la ministre de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation et du ministre de l’agriculture et de l’alimentation.