L’enseignement clinique du droit : une réponse aux nouveaux défis de nos sociétés

Créée en 2013, la Clinique du droit de l’université de Bordeaux s’impose aujourd’hui dans le paysage de l’enseignement du droit, en France et à l’étranger, comme l’une des cliniques les plus avancées sur les questions pédagogiques. Mais, au-delà du service d’information juridique, l’enseignement clinique c’est aussi un lien avec la recherche. Un aspect en plein essor à Bordeaux.

  • 10/12/2019

Clinique du droit © BillionPhotos / Fotolia Clinique du droit © BillionPhotos / Fotolia

Au sens premier du concept, l’activité clinique (du latin clinicus : qui a lieu au chevet du malade ; qui concerne l’observation du patient) est associée à la médecine. Mais cette démarche scientifique de recherche et de production du savoir peut s’appliquer à toutes les disciplines. En effet, au travers de différentes techniques permettant de recueillir, d'interpréter et d'analyser un matériel, des informations ou des situations au plus près du terrain et des personnes, l’enseignement du droit se prête parfaitement à cette méthode.

Une vocation pédagogique et sociale : les étudiants apprennent tout en étant au service de la société

Au même titre que l’on concevrait mal que les étudiants en médecine ne reçoivent aucun enseignement pratique dans le cadre de leurs études, tout étudiant en droit peut être lui aussi confronté à des situations authentiques lors de son parcours académique. L’intérêt des cliniques juridique est à la fois pédagogique et social. Véritable trait d’union entre la formation théorique et la réalité de la vie professionnelle, elles permettent aux étudiants de mettre en pratique leurs connaissances tout en restant encadré et guidé. Le service d’information juridique (SIJ)gratuitouvert à tous rencontre un succès grandissant tant auprès des étudiants que des enseignants chercheurs et de la société civile (particuliers et organismes). A Bordeaux, plus de 400 étudiants participent chaque année à ces différentes activités.

La « recherche-clinique »: apporter ses solutions concrètes à un problème de société

Depuis près de cinq ans, la clinique de droit de l’université de Bordeaux développe un nouvel axe d’intervention autour de projets de recherche en lien avec des thématiques issues de la société civile en collaboration avec des organismes externes à l’université (associations, ONG, collectivités etc.) « Cet exercice a pour objectif de sensibiliser et former les étudiants à des problématiques précises en leur apportant une dimension pratique et réelle à travers les contacts qu’ils établissent avec les professionnels tout au long de la démarche » explique Marie Lamarche, maître de conférences en droit privé et sciences criminelles et directrice de la Clinique du droit. « Il s’agit également de leur permettre de partager, renforcer et valoriser leur expertise sur cette thématique et de développer des compétences transverses » ajoute-t-elle.

Quant aux professionnels, ils bénéficient de recommandations concrètes leur permettant d’appuyer leurs actions de plaidoyer. Ils reçoivent un rapport final contenant les résultats des analyses effectuées et les propositions d’actions qui en découlent. « Ces études peuvent également servir de socle à des projets de recherches senior » précise Marie Lamarche.

Des thématiques en lien avec l’actualité

Cette année, trois projets sont lancés (désormais, des appels à projets seront proposés). Le premier concerne « le secret partagé » pour les étudiants du master du Droit des personnes et des familles, le second se focalise sur
« le travail forcé » et la problématique complexe de l’esclavage moderne pour les étudiants du master 2 de Criminologie. Le troisième enfin porté par le master 2 Droit de la santé et s’intéresse à « l’entourage et aux proches des patients ». 

A titre d’exemple, en 2017, les étudiants du master 2 Droit des personnes et des familles  se sont penchés sur « l’effectivité de l’ordonnance de protection dans l’agglomération bordelaise » . L’année suivante un groupe issu du master 2 Droit de la santé (ils sont entre 10 et 25 étudiants) a étudié « la pratique, pour le patient, de sa religion durant son séjour dans un établissement de santé ».

Ces projets durent une année universitaire et suivent une méthodologie bien rodée basée sur un travail de recherche, d’identification des acteurs et des besoins, d’enquêtes de terrain, d’entretiens, de réflexion, de rédaction.
« Les enseignants aident, orientent, accompagnent. C’est un enseignement horizontal basé sur des échanges et des discussions. Les étudiants se sentent responsables et valorisés » avance Marie Lamarche.

Prochaine perspective, continuer à développer le « street law ». Il s’agit pour les étudiants, de préparer des modules d’intervention juridiques à travers un apprentissage ludique, dynamique et sur mesure à l’intention des jeunes dans les collèges et lycées sur des sujets qui les concernent, type discrimination, harcèlement, libertés fondamentales etc… Une expérience pédagogique et sociale parfaitement dans l’esprit de l’enseignement clinique. 

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