Le rôle essentiel des tuteurs pour épauler les étudiants
En période de crise sanitaire, les dispositifs de tutorat ont su évoluer et s’adapter aux besoins et attentes d’étudiants souvent isolés. Le point avec Pier-Luka Pardo, Président de l’association les Carabins de Bordeaux et Maxime Maury, responsable du pôle tutorat.
- 18/03/2021
Comment est organisé le dispositif de tutorat proposé par l’association ?
Le tutorat en santé est né il y a 25 ans d’une volonté d’égalité des chances face au développement croissant des classes préparatoires aux études de santé privées. A Bordeaux, c’est l’association des Carabins de Bordeaux, avec le soutien de l’université, qui a pris en charge ce dispositif.
Aujourd’hui, ce sont 250 tuteurs bénévoles issus des différentes spécialités (médecine, pharmacie, odontologie, maïeutique…) qui proposent à des groupes d’étudiants un soutien pédagogique dans différentes matières.
Un peu comme au lycée, les 2200 adhérents de première année sont répartis par classes de 20 étudiants encadrés par 7 tuteurs. Pour autant, le tutorat permet de sortir de la logique « prof – élève » et le faible écart d’âge entre tuteurs et tutorés permet de créer une relation unique.
Tous les mardis, mercredi ou jeudi, chaque classe se retrouve pour trois heures de cours avec deux tuteurs pour revoir, ensemble, tout le programme de première année. Quant au lundi, c’est jour de colle.
Du côté des tuteurs, ils sont soutenus par l’université et sont régulièrement en lien avec les équipes pédagogiques qui les aiguillent, les aident, les orientent vers certains sujets.
Comment la crise sanitaire a-t-elle impactée le dispositif de tutorat ?
Avant la crise sanitaire, nous avons dû nous adapter à la réforme des études de santé pour proposer un tutorat aux étudiants en PASS comme aux étudiants en LAS. Le fait que deux systèmes et deux programmes perdurent a largement complexifié le travail des tuteurs.
Puis la crise sanitaire est arrivée et nous a forcé à accélérer notre transition numérique pour proposer les cours et examens en ligne. Désormais, et c’est une belle avancée, nous avons un accès à Moodle où nous pouvons déposer toutes nos ressources.
Mais le véritable changement s’est opéré au niveau du rôle des tuteurs. S’il concernait essentiellement l’accompagnement pédagogique, il n’a jamais été autant axé sur le moral des étudiants que cette année.
Il faut dire qu’à la première année des études de santé, déjà stressante, se sont ajoutés la réforme et l’isolement imposé par la Covid-19. Les tuteurs ont senti les étudiants découragés, fatigués et nous avons dû revoir nos priorités. Pour les accompagner au mieux, la plupart des tuteurs ont été formés aux PSSM : premiers secours en santé mentale.
Enfin, le tutorat a toujours été une sorte de « pause » dans la compétition, un moment agréable où l’on travaille tout en retrouvant ses amis. Le distanciel imposé par la crise sanitaire a empêché les premières années de bénéficier de ce bol d’air pourtant nécessaire.
Avez-vous pu bénéficier d’un soutien suite aux annonces gouvernementales proposant la création de 20 000 emplois étudiants ?
En effet, l’université nous a contactés et, au regard de notre situation et de nos missions, nous a proposé un soutien financier. Et nous devons dire que ce soutien a été plus que bienvenu dans la mesure où nous avons dernièrement souffert d’une certaine lourdeur logistique.
Cette prise de contact, et l’aide financière perçue, nous a surtout permis d’embaucher des emplois étudiants et d’avoir accès à des locaux actuellement inutilisés sur le site de Carreire.
Désormais, nous sommes en mesure de proposer une permanence ouverte à tous les étudiants de première année. Nous leur donnons la possibilité de se rendre sur place pour poser des questions, échanger, travailler en petit groupe… « en vrai ».
Le rôle principal des 10 emplois étudiants embauchés par l’association est de lutter contre la précarité et le décrochage. Pour cela, ils accueillent les étudiants chaque jour, centralisent les profils et demandes d’étudiants qui sont en grande difficulté, les rencontrent et alertent l’université en cas de besoin.
Ce système est également bénéfique pour les tuteurs puis qu’il nous a permis de proposer un emploi à ceux qui se trouvaient dans une situation particulièrement précaire.