4e symposium Laphia : rayonnement international de la photonique et du laser [2/2]

Les 22 et 23 septembre derniers, le cluster Laphia conviait la communauté photonique et laser pour faire le bilan de ses quatre années d'existence et envisager les perspectives vers 2020. Interview de Lionel Canioni et Alain Barthélémy.

  • 10/10/2016

Le cœur du laser Mégajoule de Bordeaux. Le cœur du laser Mégajoule de Bordeaux.

A quoi servent les équipements d’excellence comme le laser Mégajoule et comment vous inscrivent-ils à l'international ?

[Lionel Canioni] Le laser Mégajoule n’est pas un instrument dédié à 100% à la recherche, au départ et toujours d’ailleurs, c’est un instrument voulu pour faire de la simulation d’arme nucléaire pour L’État français. On sait que le président Jacques Chirac a arrêté les simulations réelles dans les archipels en 1996. Pour garder la capacité de défense de la France, on ne fait plus d'essais réels mais de la simulation. Et pour cela, on peut fabriquer les conditions qui existent dans le cas d’une bombe atomique en focalisant des lasers très énergétiques. C’est une machine unique en France, en Europe, il n’y en a que deux sur terre finalement un en France et un aux États-Unis. Cette machine sert à simuler les conditions identiques à celle d’une bombe. Cela permet de faire des prédictions et de conserver la capacité de défendre et de dissuasion de la France. Néanmoins, l'instrument est aussi potentiellement très intéressant pour des applications civiles. Il est ouvert 20 % du temps à des applications civiles. Mégajoule, ça veut dire quoi ? On dispose à travers tous ces faisceaux lasers d’un million de joules. En termes d’énergie, c’est assez intense. Pour vous donner une idée, un marteau piqueur par impulsions développe une dizaine de joules. Les recherches civiles avec le laser Mégajoule fonctionnent comme avec tous les grands instruments, c’est-à-dire par appels à projet. Des équipes internationales viennent à Bordeaux pour travailler sur cet instrument et adresser des questions de physique fondamentale.

Le laser mégajoule est une machine unique en Europe, il n’y en a que deux sur terre finalement un en France et un aux États-Unis.

Lionel Canioni — directeur du cluster LAPHIA

Pouvez-vous nous décrire le projet de collaboration internationale LIA avec le Canada ?

[LC] Une des ambitions du site est d’être visible à l’international, lorsqu’on a fait la cartographie du site on avait plusieurs équipes et pour une équipe de recherche qui compte 5, 6 ou 7 personnes, il est possible d'être visible dans sa discipline particulière mais très difficile de l'être dans un périmètre plus grand. La visibilité peut se travailler individuellement, bien sûr, il peut y avoir des chercheurs très brillants, mais la visibilité de l’ensemble on la travaille par de la communication au niveau international. Communiquer est une chose mais il s'agit aussi de lier des relations bilatérales avec des partenaires d’autres centres de recherche liés à la photonique, c'est ce que nous avons entamé.

Communiquer est une chose mais il s'agit aussi de lier des relations bilatérales avec des partenaires d’autres centres de recherche liés à la photonique.

Lionel Canioni — directeur du cluster LAPHIA

Laboratoire de la science du laser ultra rapide et intense de Laval.

Laboratoire de la science du laser ultra rapide et intense de Laval.

Évidemment, on n’est pas au même stade de maturité sur nos différents projets de collaboration internationale. L’un d’entre eux s’est concrétisé par la création d’un laboratoire international associé (LIA), une structure du CNRS, une entité légale qui ne regroupe pas l’ensemble des équipes de LAPHIA mais quand même 6 équipes qui travaillent en collaboration avec deux universités canadiennes. L’INRS à Montréal, le centre d’optique photonique laser de l’université de Laval. Cette mise en place de collaborations ne s’est pas faite du jour au lendemain. Elle s’est faite en commençant par des échanges au niveau master, les premiers ambassadeurs de cette création de structure puis après des échanges au niveau doctorat et ensuite nous avons échanger des cours. C’est-à-dire que des étudiants canadiens peuvent suivre des cours en France puis finalement on est arrivé à la conception d’un laboratoire international. L’intérêt n’est pas une juxtaposition mais de se dire quels sont les programmes de recherche que l’on va pouvoir adresser qu’on ne peut pas adresser seul à Bordeaux et que les canadiens ne peuvent pas adresser seul mais que l'on va pouvoir adresser tous ensemble puisqu’on unit nos forces.

L’intérêt n’est pas une juxtaposition mais de se dire que les programmes de recherche que l’on ne peut pas adresser seul, on va pouvoir les adresser tous ensemble puisqu’on unit nos forces.

Lionel Canioni — directeur du cluster LAPHIA

Lionel Canioni

Lionel Canioni

Professeur de physique à l’université de Bordeaux, il est directeur du cluster d’excellence LAPHIA (laser et photonique en Aquitaine). Il exerce son activité de recherche dans le laboratoire CELIA et dirige l'équipe de recherche SLAM (Short Pulse Lasers: Applications and Material).

Alain Barthélemy

Alain Barthélémy

Directeur de recherche au CNRS, il exerce ses activités de recherche au sein du laboratoire XLIM autour de la photonique, l’optique non linéaire et les lasers. Il est par ailleurs membre du Comité stratégique institué par le LAPHIA.

Début de l'interview

Des machines de pointe qui cachent des applications du quotidien.

4e symposium Laphia : écosystème et enjeux de la photonique et du laser [1/2]