Arrêt sur images… sur Trail
Explorer le vivant au plus profond grâce à l’imagerie médicale pour mieux le comprendre et le soigner, c’est tout l’enjeu des recherches de Trail. Deux ans après le lancement de ce laboratoire d’excellence, et à l’occasion de son assemblée générale du 16 janvier dernier, son directeur Vincent Dousset livre un premier bilan.
- 29/01/2014
Trail : recherche translationnelle en bio-imagerie
Le programme des investissements d’avenir est parfois un peu compliqué ? Comment définissez vous un laboratoire d’excellence Labex ?
Un labex est un laboratoire dont les missions sont de « booster » la recherche dans des domaines d’excellence, avec un certain nombre de contraintes. Il doit développer son attractivité, c’est-à-dire s’entourer et faire venir de très bons enseignants-chercheurs et doctorants. Le labex doit aussi être en interface avec l’industrie et être attractif auprès des entreprises pour aboutir à des brevets ou des preuves de concept...
Ainsi qu’il a été conçu dans le cadre des investissements d’avenir, un labex a pour objectif de générer de la croissance scientifique et économique au sens très large, pour la région, pour le pays.
Pouvez-vous rappeler quelles sont les thématiques du labex Trail ?
Les recherches du labex Trail - pour Translational Research and Advanced Imaging Laboratory ou recherche translationnelle en bio-imagerie - concernent l’imagerie du vivant, de l’animal à l’homme jusqu’à la population. Le terme important est translationnel qui est défini comme allant de la paillasse au lit du malade (from bench to bedside), c’est-à-dire de la recherche en laboratoire sur l’animal jusqu’à la thérapie du patient. On va même au-delà dans Trail puisque nos recherches peuvent avoir un impact sur une population entière.
L’autre mot clé essentiel est transversal car nos travaux sont intégrés dans différentes disciplines : la physique pour les appareils, la chimie pour les produits de contraste, l’informatique et les mathématiques pour le traitement des images, évidemment la médecine, la biologie, la physiologie, la neuropsychologie et aussi la sociologie. Actuellement, on a un projet mené par des sociologues qui concernent l’impact de la radiologie interventionnelle en cancérologie. Comment cette nouvelle méthode est-elle intégrée par le monde médical, auprès des patients, est-ce qu’elle rencontre des résistances, sont autant de questionnements auxquels va répondre cette étude.

Comment est structuré ce labex ?
On avait la chance à Bordeaux d’avoir suffisamment de laboratoires et d'unités de recherche en imagerie pour cibler la thématique. Actuellement, 7 unités et environ 180 personnes travaillent pour ce labex, mais beaucoup plus de gens, impliqués dans l’imagerie, gravitent autour que ce soit sur le site bordelais, dans d’autres universités internationales ou dans des entreprises privées. Ce labex est principalement structuré autour de 14 projets, financés à hauteur de 150 à 250 000 euros chacun. Les 5 domaines d’application en imagerie sont l’oncologie, la cardiologie, la neurologie, la pneumologie et la néphrologie.
Un peu plus de 2 ans après son lancement en novembre 2011, quel est le bilan de Trail ?
Il s’agit plus d’un bilan de processus que d’un bilan de résultats pour lequel il faut attendre encore 2 ans. Sur les 14 projets de Trail, les 4 derniers ont été intégrés il y a peu de temps. Trail a permis la consolidation d’une vision collective de la recherche autour de l’imagerie. La communauté universitaire mais aussi certaines entreprises, comme dans l’industrie du médicament ou de l’imagerie, ont mieux compris ce que nous faisions. Cela permet de lever des financements pour avoir des forces supplémentaires, notamment humaines.
Pouvez-vous nous citer quelques exemples de recherche que Trail permet de financer ?
Un exemple de projet qui n’aurait pas pu être développé sans Trail est celui du traitement du cancer du sein avec l’ablation de la tumeur par ultrasons focalisés, donc sans ouvrir la peau (projet MR guided HIFU).
Dans le domaine des particules chimiques, un projet est en développement concernant le couplage imagerie et thérapie (projet Piaf). On injecte un produit dans le corps et on ne déclenche son activité que lorsqu’il est là où on le souhaite.
De mon côté, nous travaillons en collaboration avec une équipe des neurosciences (Cyril Herry) sur un projet translationnel de la souris à l’homme qui tend à imager et comprendre ce qui se passe dans un cerveau ayant un choc post-traumatique (projet Transfear).
Quelles difficultés avez-vous rencontrées ces deux dernières années ?
Ce qui est parfois compliqué, c’est de toujours rester sur des choix d’excellence. Nous ne sommes pas une société à capital risques où nous pourrions nous permettre de financer et travailler des projets qui n’aboutiront pas. Nous ne sommes pas non plus une agence de moyens. Nous ne finançons pas simplement des projets, nous les construisons progressivement tous ensemble. L’un de nos objectifs est de fédérer une communauté multidisciplinaire et d’avoir une réflexion collective autour de l’imagerie médicale. D’ailleurs j’invite tous nos collègues intéressés par l’imagerie du vivant à ne pas hésiter à nous rejoindre.