Ascovid19 : des conclusions rassurantes pour les sportifs
Les risques d’accidents cardiaques chez les sportifs de haut niveau remis d’une infection à la Covid-19 sont très faibles selon les premières conclusions de l’étude Ascovid19 lancée en mars 2020 avec le soutien du CHU de Bordeaux, de l’université de Bordeaux, de la Région Nouvelle-Aquitaine, du Ministère des sports et en collaboration étroite avec la Ligue nationale de rugby et sa commission médicale. Des résultats rassurants pour le milieu du sport. Explications.
- 28/06/2021
La sélection de rugby de l'université de Bordeaux à l'entraînement
« Nos craintes de l’année dernière ne sont finalement pas fondées » affirme avec soulagement Laurent Chevalier, cardiologue du sport au Medical Stadium à Mérignac, expert cardiologue de la pour la Ligue Nationale de Rugby (LNR) et la Fédération française de hand ball (FFHB) et initiateur de l’étude Ascovid19 avec le docteur Isabelle Pellegrin immuno-virologiste au CHU de Bordeaux, expert Covid auprès de la commission médicale de la LNR.« En effet, lorsque nous avons lancé l’étude en mars 2020 le contexte pour les sportifs atteint de la Covid19 était inquiétant. Nous n’avions aucun recul et les premières publications sorties sur le sujet au début de l’épidémie étaient alarmantes » ajoute Isabelle Pellegrin.
Une saison de recul
Aujourd’hui, plus d’un an après, les premiers résultats de l’étude montrent que les risques d’accidents cardiaques graves sont extrêmement faibles si la période de repos de 8 jours après l’infection par le SARS-CoV2 est respectée. Les sportifs ont été suivis entre 8 et 12 mois après l’infection, ce qui correspond à une année universitaire pour les athlètes de l’université de Bordeaux et à une saison pour les sportifs professionnels. Un suivi est notable car il est rare dans les études publiées qui reposent souvent sur une coupe transversale de la population étudiée sans suivi longitudinal à distance.
« Il y a seulement un an, les données issues de patients hospitalisés pour Covid rapportaient un taux de 20 à 30% d’atteinte cardiaque. Aucune donnée n’était disponible concernant les sujets jeunes, asymptomatiques ou peu symptomatiques pour cette infection virale. Le risque majeur d’atteinte cardiaque par les virus (pas seulement le SARS-Cov2) est une myocardite virale avec constitution de cicatrices cardiaques occultes pouvant entrainer des troubles du rythme et la mort subite. Or, au sein de la population (jeune) incluse dans ASCOVID ayant subi une infection non sévère, nos résultats montrent moins de 0,5% d’anomalies cardiaques » explique Laurent Chevalier.
Des perspectives de reprise normales
800 rugbymen du Top 14/ProD2 de 23 clubs différents ont participé à l'étude, ainsi que 170 étudiants de l'université de Bordeaux, pratiquant plusieurs disciplines. Avant de retourner sur un terrain, chaque joueur contaminé devait suivre un bilan cardiaque complet après une période d’isolement: électrocardiogramme (ECG), échographie, tests d'effort. Plus d'une centaine d'IRM cardiaques ont également été réalisées sans que soient constatées d’anomalies majeures.
« Notre crainte était la mort subite sur le terrain. Cela n’est jamais arrivé. Cela plaide pour une reprise sportive en post-Covid sans nécessité de bilan cardiologique, en respectant juste huit jours de pause comme on doit le faire pour toute fièvre significative ou infection virale » poursuit le cardiologue.
Ces constatations ont été transmises à la Ligue Nationale de Rugby ainsi qu'au ministère des Sports. Elles devraient permettre d’alléger les protocoles de reprise. Une très bonne nouvelle pour l’ensemble du milieu sportif, professionnel ou pas.