Ascovid19 : mesurer les effets de la Covid-19 sur le cœur des sportifs
Les sportifs de haut et bon niveau peuvent-ils reprendre les entrainements intensifs après avoir contracté la Covid-19 ? Si oui dans quelles conditions ? C’est à ces questions que veut répondre l’étude Ascovid19 lancée en mars dernier par des chercheurs de l’université de Bordeaux, le CHU et la Clinique du Sport. 200 étudiants sportifs de l’université se sont portés volontaires pour y participer.
- 18/01/2021
La sélection de rugby de l'université de Bordeaux à l'entraînement
Ascovid19 pour Activité Sportive Cœur & Covid19.
Cette étude de grande ampleur a pour objectif de rechercher les traces que le virus responsable de la Covid19 pourrait laisser sur le myocarde et dans quelles mesures celles-ci seraient un frein à la reprise des entrainements pour les sportifs de haut et bon niveau.
Car comme l’explique le docteur Isabelle Pellegrin, virologue, immunologiste au CHU de Bordeaux et investigatrice d’Ascovid19 avec Laurent Chevalier cardiologue à la Clinique du Sport, « les virus en général peuvent être responsables de myocardites -inflammation du myocarde, muscle permettant au cœur de se contracter et de pomper le sang ndlr- Avec la Covid 19, on constate que 20% des patients hospitalisés en réanimation présentent une myocardite.
Mais qu’en est-il des autres sujets ? Les sportifs sont jeunes, souvent asymptomatiques. Après avoir contracté le virus, ils peuvent présenter des risques d’anomalie rythmiques ventriculaires sur des cicatrices de myocardites, ce qui peut causer une mort subite lors de la reprise d’efforts physiques intenses. C’est arrivé récemment à un joueur de basket américain ».
Les étudiants sportifs de l’université de Bordeaux, acteurs de la recherche
Environ 2000 sujets ont accepté de participer à cette cohorte: environ 1400 rugbymen licenciés de la ligue nationale de Rugby (Top 14 et ProD2), une centaine de femmes et d’hommes des unités du RAID (Police nationale) mais aussi 200 étudiants sportifs de haut et bon niveau (tous sports confondus) de l’université de Bordeaux.
« Nous souhaitons que nos propres étudiants se mobilisent et soient acteurs de la recherche. C’est notre devoir. Recherche et formation sont étroitement liés » avance Julien Morlier, responsable du Sport de haut niveau à l’université de Bordeaux.
Or, lorsque l’étudiant produit lui-même ses données, ce processus est nettement plus efficace » poursuit-il. Le protocole de l’étude Ascovid19 a été présenté à l’ensemble de ces étudiants lors d’un amphi de rentrée en septembre à l’issu duquel 50% était d’accord pour participer. « Nous sommes fiers d’avoir eu autant de jeunes mobilisés » se félicite Julien Morlier.
Une organisation complexe
Après avoir rempli un questionnaire, chaque participant, fait une sérologie. Si le test est positif à la Covid19, il effectue un électrocardiogramme, une échographie d’effort et une IRM cardiaque, seule façon de vérifier l’état du cœur. « 17% des participants ont eu une sérologie positive. Parmi ceux-ci nous avons effectué un tirage au sort pour passer les IRM.
Il est en effet très compliqué de trouver des rendez-vous pour ce type d’examen qui est également très onéreux. C’est déjà une belle performance d’être en capacité d’en arriver là, et formidable d’avoir pu proposer ce projet aux étudiants » insiste Isabelle Pellegrin.
« Nous avons individuellement contacté chaque personne testée positive afin d’expliquer la démarche. Nous devons nous soucier de chacun. Cela a demandé une organisation conséquente et une coordination importante. Il faut souligner que 95% des étudiants ont honoré leurs rendez-vous, c’est énorme » ajoute Marco Franchi, chargé de projets Développement territorial et qualité de vie universitaire à l’université de Bordeaux et coordonnateur d’Ascovid19.
Il rappelle à cet égard que l’université de Bordeaux est la seule université de France à participer à ce projet d’envergure nationale. Les résultats attendus d’ici peu permettront d’établir des recommandations spécifiques aux sportifs concernés et d’alerter si les risques de complications cardiaques sont réels.