Découverte de la plus ancienne sépulture africaine

Une équipe internationale, composée notamment de chercheurs du laboratoire Pacea*, vient de dévoiler la découverte au Kenya de la plus ancienne sépulture d’Afrique, datée de 78 000 ans. Celle-ci fait l’objet d’une publication parue ce mercredi 5 mai dans la revue Nature.

  • 05/05/2021

La grotte de Panga Ya Saida au nord de Mombasa, Kenya © Mohammad Javad Shoaee La grotte de Panga Ya Saida au nord de Mombasa, Kenya © Mohammad Javad Shoaee

Dans le site de Panga Ya Saidi, à 50 km au nord de Mombasa au Kenya, une équipe internationale comprenant six chercheurs des laboratoires du campus bordelais Pacea* et Iramat**, a découvert le corps d’un enfant de trois ans, déposé et enfoui à l’intérieur d’une fosse volontairement creusée. Datée de 78 000 ans, la sépulture de l’enfant de Panga Ya Saida, baptisé par les chercheurs « Mtoto » (enfant en Swahili), est la plus ancienne d’Afrique découverte à ce jour. Ces travaux font l’objet d’une publication dans la revue Nature le mercredi 5 mai 2020.

Une volonté de protéger le corps du défunt

En analysant les sédiments et la disposition des ossements, les chercheurs ont mis en évidence que le cadavre a été protégé en l’enveloppant dans un linceul en matière périssable et que sa tête devait aussi reposer sur un support périssable. Malgré l’absence d’offrande et d’ocre, pourtant communs dans des sépultures plus récentes, ce traitement plaide en faveur d'un rituel complexe, qui a probablement demandé la participation active de plusieurs membres de la communauté.

Excavation d'une tranchée à Panga ya Saidi où la sépulture humaine a été trouvée © Mohammad Javad Shoaee

L’individu appartient à l'espèce Homo sapiens mais garde dans sa morphologie dentaire, par comparaison avec des restes humains de la même époque, quelques traits archaïques le reliant à de lointains ancêtres africains. Cela semble confirmer, comme il a été suggéré à plusieurs reprises au cours des dernières années, que l’origine de notre espèce en Afrique a des racines anciennes et régionalement diversifiées.

Un documentaire sur le travail de l’équipe française à Panga ya Saidi a été réalisé avec l’aide du Labex Lascarbxet est disponible en versions française, anglaise et italienne.

Un ciné-débat à l'occasion de cette découverte

Ce film inédit fait l’objet d’un Rencard du savoir exceptionnel vendredi 7 mai 2021 à 18h30, sous forme de ciné-débat en ligne avec les auteurs de la publication du laboratoire Pacea Francesco d'Errico, directeur de recherche CNRS en préhistoire et évolution humaine, Solange Rigaud, chargée de recherche CNRS en archéologie et Alain Queffelec, ingénieur de recherche CNRS en archéométrie, ainsi que Bruno Maureille, directeur de recherche CNRS en paléoanthropologie au laboratoire Pacea. Animé par Yoann Frontout, journaliste scientifique, cet événement numérique est à suivre en direct ou en rediffusion sur la chaîne YouTube de l’université de Bordeaux (ou ci-dessous).

 

* Pacea - De la Préhistoire à l'actuel : culture, environnement et anthropologie (CNRS, ministère de la Culture et université de Bordeaux)

**Iramat - Institut de recherche sur les archéomatériaux (CNRSCentre national de la recherche scientifique , Université Bourgogne France-Compté et Université Bordeaux Montaigne)

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Référence bibliographique

Earliest known human burial in Africa. María Martinón-Torres, Francesco d’Errico, et al. (2021)

Contacts scientifiques

Francesco d’Errico
Chercheur CNRS au laboratoire Pacea

Alain Queffelec
Ingénieur de recherche CNRS au laboratoire Pacea