Découvertes sur la cognition néandertalienne grâce à la psychologie expérimentale
Des chercheurs bordelais viennent de faire une avancée majeure dans la connaissance du fonctionnement cognitif des Néandertaliens. Ils ont comparé des entailles réalisées sur des os d'oiseaux par des Néandertaliens et des expérimentateurs actuels. Ils ont publié ces résultats dans la revue Plos One le 30 mars 2017.
- 06/04/2017
Fragment de radius de corbeau / reproduction d'une série d'entailles / entailles expérimentales
Plusieurs découvertes archéologiques récentes ont contribué à rapprocher les cultures néandertaliennes de celles des hommes modernes contemporains sans toutefois générer un consensus sur la question controversée des capacités cognitives néandertaliennes. Une des raisons de ce différent scientifique est liée au fait qu'il est impossible de soumettre néandertaliens et hommes modernes à la même tâche cognitive et de comparer les résultats.
Des chercheurs du laboratoire PACEA (De la Préhistoire à l’actuel : culture, environnement et anthropologie, unité CNRS, ministère de la Culture et de la communication et université de Bordeaux), membres du Lascarbx, viennent de contourner cette difficulté. Ils ont analysé, en collaboration avec des collègues de l'Université de Cambridge et de l'Académie des sciences d'Ukraine, une série d'entailles incisées par des Néandertaliens sur un os de corbeau découvert à Zaskalnaya VI, une grotte de Crimée. En analysant ces entailles au microscope et en appliquant à celles-ci et à des séries d'entailles produites par des expérimentateurs actuels, des concepts et méthodes de la psychologie expérimentale, ils ont montré que le comportement de l'artisan néandertalien rentrait parfaitement dans la variabilité comportementale des expérimentateurs actuels lorsqu'on leur demandait de produire une série d'entailles identiques, équidistantes et parallèles.
Le fait que l'artisan néandertalien a souhaité produire des entailles semblables et régulièrement espacées indique que l'objectif de cette action n'était pas purement fonctionnel.
Les auteurs concluent que les entailles sur l'os de Zaskalnaya représentent le premier exemple d'un os d'oiseau modifié intentionnellement par les néandertaliens pour lequel une interprétation symbolique peut être proposée sur la base d’évidences directes et non inductives, comme c'est le cas pour les phalanges de rapace ou les ossements portant des traces d'extraction de plume, découverts dans plusieurs sites moustériens européens.
Sources : http://lascarbx.labex.u-bordeaux.fr
Références
Ana Majkić, Sarah Evans, Vadim Stepanchuk, Alexander Tsvelykh, Francesco d’enrico : A Decorated Raven Bone from the Zaskalnaya VI (Kolosovskaya) Neanderthal Site, Crimea, PLOS ONE