Des surfeurs équipés de capteurs pour mesurer la pollution chimique des océans

Cet été, le laboratoire EPOC, l’Ifremer et l’association Surfrider Foundation Europe lancent le projet CURL. Cette opération de sciences participatives originale vise à équiper des usagers d'activités nautiques de capteurs chimiques pour étudier leur niveau d’exposition aux polluants.

  • 13/07/2021

Surfeur équipé d'un kit d'échantillonneurs passifs dans le cadre du projet CURL ©Camdamphotography Surfeur équipé d'un kit d'échantillonneurs passifs dans le cadre du projet CURL ©Camdamphotography

Développé depuis de longs mois par Surfrider Foundation Europe, l'équipe de physico- et toxico-chimie de l’environnement (LPTC) du laboratoire Environnements et paléoenvironnements océaniques et continentaux (EPOC – CNRS, EPHE et université de Bordeaux) et les équipes BE* et LERPAC** d'Ifremer, le projet CURL - « Contamination chimique du milieu marin : contribution à l'évaluation de l'exposition aux substances chimiques pendant les activités de baignades » - entre dans sa phase opérationnelle. Soutenu par le LabEx COTE, il vise à équiper des usagers d'activités nautiques de kits d'échantillonneurs passifs afin d'étudier la qualité chimique des eaux de baignade.

La pratique d'activités nautiques de loisir sur le littoral est en constante croissance (baignade, surf, plongée...). Les usagers de l'océan sont nombreux et de tous âges à s'immerger dans les eaux littorales tout au long de l'année, sur des sites souvent bien éloignés des zones de baignade surveillées et règlementées. L'océan étant le réceptacle des eaux continentales et de leurs pollutions, les usagers sont potentiellement exposés à des cocktails de micropolluants chimiques dangereux pour leur santé. 

Surfeur équipé d'un kit d'échantillonneurs passifs dans le cadre du projet CURL ©Camdamphotography

Le projet CURL vise donc à monitorer ces expositions aux polluants grâce à un kit d'échantillonneurs passifs utilisable par les usagers de l'océan, pour évaluer leur exposition sur leur lieu de pratique d'activité. À l'instar des dosimètres utilisés en milieu industriel pour surveiller le niveau d'exposition du personnel à des agents physiques ou chimiques (radiations, gaz par exemple), ce kit d'échantillonneurs passifs permet d'échantillonner des micropolluants organiques (pesticides, pharmaceutiques, produits de soins corporels...) et des micropolluants métalliques (aluminium, cadmium, cuivre, mercure...). Les analyses en laboratoire permettront une évaluation précise du niveau d'exposition des usagers de l'océan à certains de ces micropolluants.  

Des surfeurs sentinelles de l’environnement marin

La première phase de tests déterminante démarre en juillet 2021 grâce à des surfeurs volontaires sur les côtes Atlantique et Méditerranéenne. Elle permettra de recueillir de premières données qui permettront de caractériser le niveau d'exposition des usagers de la mer aux substances chimiques, information nécessaire à l'estimation des risques sanitaires, et conditionnera la suite opérationnelle du projet. Dans un second temps, les données, analyses et interprétations seront valorisées à l'échelle locale, nationale et européenne afin de sensibiliser et d'informer toutes les parties prenantes compétentes sur les enjeux « Eau, Usages, Santé & Environnement ».

 

*BE – unité Biogéochimie et écotoxicologie du centre Ifremer Atlantique de Nantes
** LERPAC – Laboratoire environnement ressources de Provence-Azur-Corse de l’Ifremer

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Contact

Hélène Budzinski
Chercheuse CNRS et responsable de l’équipe LPTC du laboratoire EPOC