Être tout ouïe au libre accès

Avec une nouvelle loi et des recommandations européennes, le libre accès au savoir scientifique est plus que jamais au cœur de l’actualité. Une journée d’échanges lui a été consacré sur le campus bordelais.

  • 25/10/2016

L'Open access camp était organisé en ateliers participatifs © université de Bordeaux L'Open access camp était organisé en ateliers participatifs © université de Bordeaux

Le jeudi 20 octobre dernier s’est déroulé le premierOpen access camp sur le campus à Pessac en prémices de l’Open access week qui a lieu du 24 au 30 octobre 2016. Par Open access, on entend la « libération des publications scientifiques », leur libre accès en supprimant ou diminuant les contraintes financières, juridiques et techniques. Le but de cette journée ? « Échanger sur les pratiques de l’Open access avec des points de vue très divers, ceux des enseignants-chercheurs, chercheurs et doctorants, mais aussi bibliothécaires et personnels d’appui à la recherche » explique Sabrina Granger, responsable de l’Unité régionale de formation à l’information scientifique et technique de Bordeaux (Urfist) et à l’initiative de ce « camp ». Parce que, même si le mouvement n’est pas nouveau, la pratique n’est pas encore généralisée, et qu’elle nécessite de se doter de bons outils.

Une cinquantaine de personnes (là où Yves Ducq, chargé de mission documentation de l’université de Bordeaux en espère 200 voire 500 l’an prochain) avaient fait le déplacement à la Maison des Suds au laboratoire Passages venus du campus bordelais* mais pas seulement, l’UPPA, l’université Toulouse Capitole, l’université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines, les universités de Nantes et Poitiers… comptaient des membres dans l’assemblée. Le libre accès répond aussi à des questions sociétales de partage des connaissances, comme en témoignait la représentante du Centre de la mémoire d’Oradour-sur-Glane.

A pratique nouvelle, nouveau format

Yves Ducq a tenu à réaffirmer en ouverture de l’événement que « lOpen access est une préoccupation très importante pour [l’]établissement et tout le site bordelais et que cette volonté est impulsée aussi par des facteurs extérieurs ». En effet, la Loi pour une République numérique a été adoptée le 28 septembre 2016 par le Parlement avec les articles 30 et 38 portant sur le libre accès aux articles scientifiques et depuis plusieurs mois, le programme européen Horizon 2020 « comporte l’obligation d’assurer le libre accès aux publications issues des recherches qu’il aura contribuées à financer, sous peine de sanctions financières ».
Rappelons également que l’université de Bordeaux s’est engagée officiellement dans ce mouvement depuis deux ans via la signature d’une lettre ouverte de l’équipe présidentielle qui s’est notamment concrétisée via deux projets : une plateforme mutualisée de revues numériques et un projet d’Archive ouverte institutionnelle porté par tous les établissements du campus.

La conférence plénière de l'Open acces camp du jeudi 20 octobre 2016 © université de Bordeaux

A pratique nouvelle, format nouveau. L’Urfist avait choisi d’organiser un « camp » ou plutôt « barcamp » qui n’est ni une journée d'étude ni une formation, les ateliers sont des séances de travail collaboratif. Un essai réussi pour les organisateurs et animateurs de la journée, agréablement surpris par la diversité des métiers et établissements présents. « Et un format très intelligent et futé, avec des propos assez libres, plus que dans certains colloques sur le sujet » souligne Julien Baudry, responsable des services aux chercheurs au sein du Service commun de la documentation de l’université Bordeaux Montaigne. Jérôme Poumeyrol, son homologue à l’université de Bordeaux et en charge du projet d’archive ouverte et Antoine Blanchard, chargé de programmes Numérique à la Mission Investissements d'avenir, retiennent quant à eux l’interactivité, le fait que chacun ait pu s’exprimer et de futures bonnes pratiques à mettre en œuvre.

Besoin de clarification de la Loi, besoin de formations, de faire évoluer les définitions car l’Open access a évolué ces 10 dernières années, demande de systématisation du libre accès par les établissements, question des données en recherche, nécessité de l’appropriation du sujet par le grand public et le sujet émergent de l’accès aux données de la recherche sont autant de sujets qui ont été discutés (comptes rendus des ateliers et vidéos à venir sur le site de l'Urfist).

*délégation Aquitaine du CNRS, centre de recherche Inria Bordeaux Sud-Ouest, université de Bordeaux, université Bordeaux Montaigne, Sciences Po Bordeaux, Consortium Couperin (partenaires de l'Urfist)