Harcèlement et réseaux sociaux chez les collégiens

L’influence de l’usage massif des réseaux sociaux sur la santé mentale, le bien-être et la réussite scolaire des jeunes adolescents pose de nombreuses questions. Pour mieux comprendre cet impact, une équipe de chercheurs du Laboratoire de psychologie de l’université de Bordeaux a lancé début 2020, Cyberlife, une étude originale visant à réunir des données encore inexistantes sur la vie en ligne des collégiens. Mathilde Husky, professeur de psychologie et investigatrice principale de l’étude invite les établissements et les parents à participer à cette étude qui permettra de mieux comprendre le fléau du cyber-harcèlement et aider les jeunes à s’en prémunir.

  • 04/11/2020

Snapchat, Tiktok, Instagram, Facebook, Twitter, YouTube et autres media sociaux n’ont aujourd’hui plus aucun secret pour les adolescents, exposés aux écrans de plus en plus jeunes et de plus en plus longtemps. Tandis que certains travaux ont montré des effets salutaires de l’implication dans les réseaux sociaux, notamment dans la construction identitaire, d’autres ont identifié des conséquences préoccupantes. L’augmentation du temps passé sur internet et sur ces réseaux sociaux pourrait induire des effets délétères et ouvrir également la porte au cyber-harcèlement, nouvelle forme de harcèlement dont les retentissements sont parfois dramatiques. Or, la recherche sur ce sujet important reste limitée en France à ce jour.

Un sujet très préoccupant sur lequel il est urgent d’obtenir des données scientifiques de qualité 

Face à ce constat, une équipe de chercheurs du Laboratoire de psychologie de l’université de Bordeaux a lancé Cyberlife  une étude longitudinale (étude résultant du suivi d'une population ou d'un phénomène dans le temps en fonction d'un événement de départ ndlr) auprès des collèges de Gironde, de la 5eme à la 3eme. Objectif ? Faire un état des lieux de la situation des adolescents de la région en matière d’exposition à des écrans connectés à internet, d’utilisation de réseaux sociaux, de cyber-harcèlement et de harcèlement.
« Malgré le temps que les adolescents passent devant les écrans, nous ne savons pas comment leur utilisation de ces nouvelles technologies et leur implication dans les réseaux sociaux influencent leur développement. L’étude Cyberlife s’attachera à mesurer ces phénomènes afin d’en étudier leur impact sur le bien-être et la réussite scolaire. L’aspect longitudinal de l’étude permettra d’étudier l’évolution de ces phénomènes et de leurs interactions dans le temps. » explique Mathilde Husky, professeur de psychologie et investigatrice principale de l’étude.

Mieux comprendre l’usage des réseaux sociaux, de l’usage typique au cyber-harcèlement

On sait aujourd’hui que parmi les 11-18 ans, 68% des garçons et 78% des filles utilisent les réseaux sociaux ;17% d’entre eux disent ne pas avoir parlé de leur comptes ou profils à leurs parents. Chez les plus jeunes (11-12 ans), déjà 60% rapportent avoir un compte sur un réseau social. L’influence de ces activités en ligne au sein des établissements scolaires et au-delà est préoccupante. C’est pourquoi l’étude Cyberlife s’adresse plus spécifiquement aux collégiens et à leurs parents. « Nous souhaitons vraiment sensibiliser les collèges à l’importance de leur implication dans la réalisation de cette étude qui nous permettra de mesurer les actes de harcèlement et de cyber-harcèlement auxquels les collégiens peuvent être confrontés. Nous cherchons à connaître l’ampleur du problème et son impact sur leur bien-être et leurs difficultés éventuelles » précise Mathilde Husky.

Une étude basée sur le consentement parental libre et éclairé et sur la confidentialité des informations

Cyberlife est menée par une équipe de recherche de l’université de Bordeaux, financée par l’Agence Nationale de la Recherche dans le cadre d’un appel à projet Santé Publique. Conformément à la loi, l’étude a obtenu l’aval du Comité de Protection des Personnes ainsi que de la CNIL afin de garantir la protection des données. Enfin, les services de l’Education Nationale sont informés de la tenue de l’étude et une convention de partenariat dédiée existe entre le Rectorat et l’université de Bordeaux.
Cette étude basée sur le volontariat se déroule sur 3 ans à partir d’un large échantillon d’adolescents (4000 collégiens entre la 5ème et la 3ème) et de parents qui seront invités à remplir un questionnaire une fois par an. 
« En proposant aux parents de répondre eux aussi à un questionnaire, nous cherchons à comparer la connaissance qu’ils ont de l’existence de ces phénomènes dans la vie de leur enfant, et ce que leur enfant vit réellement, au collège ou en dehors. C’est important d’avoir leur perception des choses qui peut être plus ou moins loin du point de vue rapportée par leur adolescent… » insiste la chercheuse. Ainsi, tous les parents de Gironde qui ont un ou plusieurs enfants inscrits au collège, de la 5ème et la 3ème sont invités à participer en répondant au questionnaire.
Un échantillon représentatif de parents permettra de mieux comprendre comment internet et les réseaux sociaux impactent la vie des jeunes d’aujourd’hui.
Quant aux adolescents, ils ne peuvent y participer que si le collège participe et que les parents* ont donné leur accord. Lorsque c’est le cas, l’équipe de recherche se déplace au sein du collège pour accompagner les enfants dans cette démarche. Il est important de noter que les résultats de l’étude ne porteront pas sur un collège individuel mais sur l’ensemble des collèges participants. Les données recueillies auprès des établissements seront analysées avec l’ensemble des autres collèges participant. Par ailleurs, aucun rapport, aucune publication sous quelque forme que ce soit ne permettra à quiconque d’identifier les établissements individuellement. Seuls les résultats globaux seront rendus publics.

  *Un seul parent suffit, sauf refus explicite du second parent

Thèmes :

Contact

Mathilde Husky
Laboratoire de psychologie, université de Bordeaux

06 08 46 26 25
Contacter par courriel

Participer à l'étude

Vous habitez en Gironde et êtes parents d’un/une collégien, collégienne (5ème, 4ème, 3ème) ? Participez à l’étude Cyberlife en répondant en 30 minutes au questionnaire en ligne