Immersion à bord d’un navire océanographique
Ces dernières semaines, les chercheurs du laboratoire EPOC étaient en mission à bord d’un navire océanographique afin d’étudier la Vasière Ouest Gironde. Une expédition scientifique à découvrir en images.
- 22/11/2021
Carottier déployé lors de la mission MAGMA-2 © université de Bordeaux
Entre mi-octobre et mi-novembre s’est déroulé MAGMA-2, une mission scientifique à bord du navire océanographique Côtes de la Manche. Son objectif ? Étudier la Vasière Ouest Gironde, un patch de sédiment vaseux, localisé dans le Golfe de Gascogne, à environ 25 km de l’Estuaire de la Gironde. Déclinée en trois parties, dites legs, cette campagne en mer de 35 jours s’est intéressée à l’état écologique de l’habitat benthique, c’est-à-dire aux organismes vivant à proximité du fond de la mer.

Le premier leg, de quinze jours, a réuni des scientifiques du laboratoire Environnements et paléoenvironnements océaniques et continentaux (EPOC – CNRS, EPHE et université de Bordeaux) et de l’équipe d’accueil Risques chroniques émergents (CHROME – université de Nîmes). Issus de disciplines allant de la biologie à la biogéochimie, leur but est d’étudier et caractériser le fonctionnement écologique et biogéochimique de l’habitat benthique. Pour cela, ils se sont intéressés à dix sites, appelés stations, où ils ont mené des opérations avec cinq instruments pour collecter des données et prélever des échantillons à des profondeurs variant entre 30 et 75 m.

« La Vasière Ouest Gironde a la particularité d’être soumise à l’apport des particules provenant de l’estuaire, explique Bruno Deflandre, enseignant-chercheur de l’université de Bordeaux au laboratoire EPOC et responsable scientifique des legs MAGMA-2. Elle est également soumise aux tempêtes, dont la fréquence et l’intensité augmentent avec le changement global, et c’est aussi une zone de pêche intense pour la sole et les langoustines, ce qui en fait un objet d’étude particulièrement intéressant. »

C’est sur le pont, à l’arrière du navire, que les scientifiques et certains marins passent une grande partie de leurs journées de travail, car c’est là que sont effectuées les mises à l’eau des instruments. Ces appareils permettent d’étudier la colonne d’eau, mais également les sédiments des fonds marins.

La passerelle, aussi appelée timonerie, est l’endroit d’où est effectuée la navigation et d’où le capitaine dirige les manœuvres, ainsi que les opérations de mise à l’eau des instruments scientifiques.

Parmi ces instruments, le profileur imagerie sédimentaire (SPI) permet d’obtenir des photos de la structure sédimentaire. Immergé 15 fois par station, il pénètre dans la vase et réalise des clichés de haute résolution permettant de voir en détails l’interface eau-sédiment et les dix premiers centimètres de vase : couleur du sédiment, terriers, organismes vivants…

Un objectif de la mission était d’échantillonner la faune présente dans le sédiment, notamment avec la benne Hamon, qui collecte l’équivalent d’un grand bac de sédiment. S’en sont suivies de longues heures de tamisage. Penchés au-dessus d’un tamis à 1 mm de maille, les scientifiques ont prélevé les organismes de la vase à l’aide d’une pince à épiler, un exercice nécessitant un bon coup d’œil…

La vase a également été échantillonnée avec un carottier. Équipé de tubes de 60 cm de long et de 10 cm de diamètre, celui-ci collecte simultanément six carottes de sédiment en préservant parfaitement l’interface eau-sédiment. Comme pour le reste des instruments, sa mise à l'eau est un moment délicat qui nécessite une bonne coordination entre les marins et scientifiques sur le pont, et le capitaine à la passerelle.

Les carottes collectées ont ensuite été découpées et préparées en vue d’analyses : matière organique, radioéléments, microbiologie, foraminifères… celles-ci sont nombreuses et variées une fois de retour sur la terre ferme.

Les journées de travail à bord sont souvent longues. Au laboratoire pour finir de traiter les échantillons, et sur le pont où les opérations commencent parfois avant le lever du soleil pour bénéficier d’une fenêtre météo favorable. Cet aspect est une contrainte majeure lors de missions océanographiques : trop de houle ou trop de vent et le matériel risque d'être endommagé.

Par ailleurs, certains instruments nécessitent d’être immergés de nombreuses heures, comme ce profileur autonome. Équipé de microélectrodes en verre très pointues et fragiles, il a été déployé pendant cinq à huit heures au fond de la mer et a mesuré la distribution verticale de pH, d’O2 et de résistivité dans le sédiment.

Avec l’équipage de marins et les scientifiques, ce sont quinze personnes qui étaient jour et nuit à bord du navire océanographique de 25 mètres de long. C’est au « carré » à 11h et 19h précises qu’ils se retrouvaient pour profiter d’un repas concocté par le cuisinier.

Entre le mal de mer pour certains ou encore le froid, les journées de campagne en mer ne sont pas toujours faciles. En revanche, certains couchers de soleil sont exceptionnels…
La mission MAGMA-2 à bord du N/O Côtes de la Manche
Le N/O Côtes de la Manche est un navire de la Flotte océanographique française opérée par l'Ifremer. Suite au premier leg, les deux autres parties de la mission MAGMA-2, également menées par des chercheurs du laboratoire EPOC mais aussi de l’Ifremer, ont concerné spécifiquement la caractérisation du transfert des particules et des contaminants associés entre l’estuaire et la vasière, mais aussi le devenir des contaminants au sein du sédiment et des organismes de cet habitat benthique.
Contact scientifique
Bruno Deflandre
Enseignant-chercheur de l’université au laboratoire EPOC
Découvrez la mission en stories sur Instagram

Retrouvez plus d'images et des vidéos de l'expédition, ainsi que des interviews du chef de mission, au travers du reportage publié sur une période de 4 jours en stories sur le compte Instagram de l'université ! Celles-ci sont à la Une archivées sous "Mission océano" :