L’opération Jetons Cancer finance des recherches bordelaises en oncologie
Le laboratoire bordelais de recherche ACTION* spécialisé dans les recherches sur le cancer a été subventionné par le Rotary Club dans le cadre de son édition 2020 Jetons Cancer. 3 questions à Béatrice Turcq, chercheuse CNRS dans cette unité qui a pu doter son équipe de 2 nouveaux appareils grâce à ce financement de 49 000 euros.
- 05/01/2021
© Jetons Cancer - Rotary
Sur quoi portent vos recherches ?
Je suis généticienne dans une unité de recherche qui travaille sur le cancer. Après une thèse à l’université de Bordeaux suivi d’un post-doc aux États-Unis, je suis entrée au CNRS au début des années 90. Je travaillais dans le domaine de la génétique fondamentale autour de questions sur la reconnaissance du soi et non soi, via des modèles de champignon. En 2002, le génome humain ayant été séquencé, de nouvelles opportunités sont apparues et je me suis réorientée. J’ai rejoint l’équipe Diversité génétique et réponse au traitement : oncogenèse mammaire et leucémiquedu professeur François-Xavier Mahon au laboratoire ACTION*. Je travaille sur des leucémies, donc des cancers du sang, notamment la leucémie myéloïde chronique, dont la résistance au traitement est un problème récurrent et la leucémie aiguë lymphoblastique pédiatrique pour lequel il y a peu de traitement.
A quoi vous a servi la subvention de 49 000 euros de Jetons Cancer ?
Avec cette somme, nous avons pu acheter, en fin d’année 2020, deux appareils : un cytomètre et un hématomètre qui vont nous permettre de travailler sur deux projets de recherche du laboratoire. Le premier vise à comprendre pourquoi après arrêt du traitement sur une leucémie myéloïde chronique environ la moitié des patients rechutent alors que les autres sont guéris. Pour cela nous sommes en train de créer en laboratoire un modèle animal de leucémie myéloïde chronique, c’est-à-dire une souris qui développe une leucémie, semblable à la maladie chronique humaine, afin de pouvoir mieux l’étudier ensuite.
Un autre projet concerne les enfants atteints de leucémie aiguë lymphoblastique T qui ont un pronostic dit péjoratif avec 15 à 20 % des enfants qui sont réfractaires ou rechutent après traitement. Dans ce cas, on greffe à des souris des cellules tumorales pédiatriques afin de pouvoir étudier des médicaments appelés inhibiteurs qui pourraient être efficaces contre la maladie.
De façon pratique, l’hématomètre nous permet d’étudier le sang, d’avoir la formulation sanguine complète des souris, donc de connaître par exemple le taux de globules blancs qui augmente dans le cadre d’une leucémie myéloïde chronique. Le cytomètre permet lui de suivre plus précisément ces cellules cancéreuses, qui ont été marqués par des molécules fluorescentes.

Est-ce commun d’être financé par une association dans le cadre de projets de recherche ?
La recherche est fortement aidée par les associations, particulièrement dans le domaine de la santé. C’est toujours très compliqué pour acheter du matériel dans les unités de recherche, il faut souvent trouver des co-financements pour subventionner ces appareils qui coûtent assez chers. J’ai proposé le projet auprès du Fonds Jetons Cancersur les conseils d’une collègue. J’avais déjà été financée par des associations mais je ne connaissais pas cette action spécifiquement. Nous sommes contents d’avoir reçu cette dotation. Il y a plusieurs cytomètres dans l’unité, mais ils étaient surchargés par d’autres projets. Et nous utilisions un hématomètre de l’hôpital Haut-Lévêque mais il n’était pas toujours disponible et surtout les tubes de sang pouvaient s’abîmer, le temps d’aller les faire analyser. Donc cela va nous aider véritablement pour nos travaux de recherche.
L'Action Jetons Cancer
L’action Jetons cancer – dans le but de « donner les j’tons au cancer » - est née en 2015 à l’initiative de membres du Rotary Club, donc Alain Desplanques, président du fonds de dotation. Tout d’abord organisée en Rhône-Alpes, cette action se déroule dans plusieurs régions de France dans le but de concourir à des projets relatifs à la recherche sur le cancer. Elle repose sur le tryptique : 1 jeton = 1 euro collecté = 1 euro pour l’achat de matériel dédié à la recherche. Début février, des Rotariens bénévoles remettent un jeton de caddie contre un euro aux clients des supermarchés partenaires. Au total, ce sont plus de 670 000 euros collectés depuis, dont 170 000€ en 2020 qui ont permis le financement de trois projets, donc celui du laboratoire ACTION dirigé par le professeur Pierre-Louis Soubeyran.
*Actions for onCogenesis understanding and Target Identification in Oncology – unité InsermInstitut national de la santé et de la recherche médicale , Institut Bergonié et université de Bordeaux