La recherche sur les maladies infectieuses récompensée
Une équipe internationale franco-ivoirienne, dont le centre de recherche Bordeaux Population Health, a reçu le prix Christophe Mérieux pour ses travaux de recherche sur les maladies infectieuses.
- 12/06/2017
Académie des Sciences, Remise du prix Christophe Mérieux © Tous droits réservés
Le prix Christophe Mérieux a été attribué le 7 juin 2017 conjointement Serge Eholié du Centre de recherche sur les maladies Infectieuses et pathologies associées et au professeur Xavier Anglaret, chercheur au Centre Bordeaux Population Health (unité Inserm et université de Bordeaux).
Ce prix, est décerné chaque année depuis 2007 par un jury scientifique composé de membres de l’Académie des Sciences, dans le cadre des Grands prix des Fondations de l’Institut de France. Il récompense des scientifiques qui se sont distingués dans la recherche sur les maladies infectieuses dans les pays en développement.
Les deux équipes de Serge Eholié et Xavier Anglaret, réunies au sein d’un Laboratoire international associé (LIA) de l’Inserm, de l’université de Bordeaux, et de l’université Félix Houphouët Boigny d’Abidjan, travaillent depuis 1996 sous la tutelle conjointe de l’Agence nationale de recherche sur le Sida et les hépatites virales (ANRS, France), des Ministères ivoiriens en charge de la santé et de la recherche, de l’Inserm, et de l’université de Bordeaux.
En 21 ans, ce programme a mené 83 grandes études, publié 438 articles scientifiques, formé 80 chercheurs en Master et 30 en thèse de science, et donné naissance à Abidjan à deux grands centres de soins dans lesquels sont actuellement suivies des milliers de personnes.
Pour en savoir plus : lire le communiqué de presse

3 questions au professeur Xavier Anglaret, chercheur au Centre Bordeaux Population Health (unité Inserm et université de Bordeaux)
Pourquoi est-il important de faire de la recherche médicale en Afrique sur les maladies infectueuses ?
En Afrique, 60% des décès sont encore liés à des maladies infectieuses. Il est donc urgent de faire baisser cette mortalité infectieuse, en grande partie évitable.
La recherche sur ces maladies en Afrique est une priorité à la fois pour les populations concernées et pour l’ensemble du monde. Elle n’est pas réservée aux zones riches et aux hôpitaux universitaires. Elle est nécessaire à tous les niveaux de la pyramide sanitaire. Ceci parce que les questions concernant la prévention ou le traitement des maladies doivent être étudiées dans le contexte où elles se posent, et que les grandes études cliniques aident à structurer les centres qui y participent. Depuis 1996, nous appliquons ces principes. En menant des essais thérapeutiques, nous accompagnons des centres de santé, formons des professionnels, et apportons des réponses à des questions de soins.
Quelles sont vos thématiques de recherche ?
Nous avons commencé par la maladie à VIH qui était une catastrophe sanitaire. En 1994, près de 10% de la population de Côte d’Ivoire était infectée par le VIH, les soins extrahospitaliers étaient encore peu développés, les traitements antirétroviraux n’étaient pas disponibles, et les connaissances sur la maladie étaient incomplètes. En vingt ans, le paysage a radicalement changé, grâce à une mobilisation internationale à laquelle nous avons activement participé. Aujourd’hui, environ 3% de la population ivoirienne est infectée par le VIH, les traitements sont disponibles, et nous poursuivons nos recherches sur la meilleure façon de les appliquer avec l’espoir d’arriver un jour à une disparition complète de la maladie. En même temps, nous utilisons le savoir-faire que nous donne cette expérience sur le VIH pour faire évoluer les connaissances sur d’autres maladies.
Comment allez-vous utiliser ce prix ?
Nous avons choisi d’exister sous la forme d’une équipe ayant un pied en France et un pied en Côte d’Ivoire. Chacune des deux composantes est adossée à son université respective, avec ce que cela apporte comme soutien méthodologique et comme possibilités de formation. Ce partenariat bi-national, à égalité des partenaires, nous donne non seulement une grande force dans le paysage de la recherche internationale, mais a également une dimension humaine très riche.
Devant le succès de cette équipe binationale et l’émergence d’une jeune génération de chercheurs et de techniciens compétents, le gouvernement ivoirien a récemment décidé d’institutionaliser la partie ivoirienne de l’équipe sous un label académique 100% ivoirien. Il a donc créé un Centre de recherche sur les maladies Infectieuses et pathologies associées (CERMIPA). La dotation du prix servira à investir dans la consolidation de ce CERMIPA pour stabiliser cette plateforme et la rendre réactive et pérenne.