La santé mentale à rude épreuve
L’épidémie de COVID-19 suscite de nombreuses inquiétudes au sein de la population mais elle soulève également un problème moins médiatisé et tout aussi dangereux : isolement et perte d’emploi ont provoqué une hausse de la dépression chez les étudiants. Cet aspect indésirable du confinement a été mesuré par le biais de l’enquête CONFINS dont les premiers résultats ont été publiés mi-novembre. Décryptage.
- 11/01/2021
L’étude CONFINS, pilotée par Kappa Santé, l’équipe de l’étude I-Share (BPH - Inserm et université de Bordeaux), la start-up Kap Code et l’université de Bordeaux a été lancée en avril dernier par le scientifique Christophe Tzourio, professeur d’épidémiologie à l’université de Bordeaux et directeur scientifique de l’Espace Santé étudiants du campus bordelais.
Le but ? Trouver des solutions viables pour améliorer au mieux la santé mentale et le quotidien de ces étudiants livrés à eux-mêmes. Le principe est simple : comparer le ressenti des étudiants durant le confinement à celui du reste de la population. De cette manière il sera possible d’identifier les étudiants les plus à risques pour pouvoir rapidement leur venir en aide.
L’enquête a été réalisée en ligne par le biais de questionnaires mensuels. Au total, environ 3500 participants ont été recensés dont 2080 représentant la population étudiante. Les chercheurs se sont intéressés à l’état physique et psychique des individus mais également à leurs avis et sentiments personnels sur la pandémie, ses conséquences et la manière dont elle est gérée.
Des résultats préoccupants
Les chiffres obtenus par comparaison entre le ressenti des étudiants et celui des autres personnes parlent d’eux-mêmes :
- 33% des étudiants interrogés présentent des symptômes dépressifs contre 16% chez les non étudiants
- 24% expriment des symptômes forts d’anxiété contre 15%
- 33% présentent un niveau de stress élevé contre 22%
- 12% des étudiants confient avoir eu des pensées suicidaires au cours de la semaine précédente contre 8%
Les résultats de cette étude rendent compte d’un fait marquant: les étudiants sont soumis à deux fois plus de risques d’être victimes d’une altération de leur santé mentale due aux confinements. En effet, ils sont d’ordinaire confrontés au stress induit par les cours.
Mais maintenant, s’ajoutent les problèmes financiers, le manque de matériel informatique pour suivre correctement les enseignements et l’isolement dans des espaces réduits qui impliquent un grand risque de décrochage et de dépression chez les jeunes gens.
Les mesures à prendre
La finalité de cette enquête consiste à pouvoir répondre de manière efficace aux étudiants en difficulté pour leur apporter de réelles solutions et soulager la pression. Une fois les personnes à risque identifiées, l’idée est de pouvoir leur proposer une réelle prise en charge psychologique par des professionnels. Pour le moment, les mesures à mettre en œuvre sont :
- Renforcer le service de l’espace santé universitaire
- Soutenir les initiatives de suivi pédagogique rapproché et la solidarité entre étudiants
- Fournir une aide numérique, alimentaire et financière aux plus précaires.