Le virtuel au service de la santé

Plongée au cœur de l'Équipement d'excellence PHENOVIRT, une plateforme hébergée au sein du laboratoire SANPSY (Hôpital Pellegrin, CHU de Bordeaux) permettant d'étudier les troubles de l'attention et la somnolence dans des conditions virtuelles afin d'appréhender au mieux les maladies mentales. Pierre Philip, directeur du laboratoire SANPSY et de l'EquipEx PHENOVIRT, répond à nos questions.

  • 26/02/2014

Simulateur de vol - EquipEx PHENOVIRT © Olivier Got Simulateur de vol - EquipEx PHENOVIRT © Olivier Got

 

Comment définissez-vous un EquipEx, et pourquoi avoir choisi de postuler à cet appel à projet ?

Un EquipEx est une dotation financière permettant de créer un nouvel outil, à partir de technologies et d’équipements existants. Nous avons déposé un dossier pour PHENOVIRT (Phénotypage humain et réalité virtuelle) car notre équipe est fortement engagée par rapport au tissu industriel local, dans le domaine de la simulation de conduite et de vol aérien. Les moyens apportés par l’EquipEx nous permettront de travailler sur ces axes de recherche et de développer des outils de réalité virtuelle appliquée au champ de la médecine.

Pierre Philip - Equipex Phénovirt © Olivier Got

Pouvez-vous décrire cet EquipEx ?

Nous sommes huit à travailler pour ce projet avec un soutien des autres membres de l'unité mixte SANPSY, CNRSCentre national de la recherche scientifique - université de Bordeaux (Sommeil, attention, trouble déficit de l’attention/hyperactivité et vieillissement), auxquels il faut ajouter nos partenaires industriels. PHENOVIRT représente au total une trentaine de personnes.

Notre projet comporte trois éléments majeurs. Le premier concerne le transport terrestre. Nous avons conçu des logiciels de conduite, implantés  dans un simulateur de conduite Oktal. Il est en place au 13e étage du CHU depuis l’été 2013 et repose sur une coque  de voiture Peugeot 2008. Nous avons conçu des logiciels et nous allons commercialiser ces logiciels de conduite dans un futur proche.
Le 2e axe en cours de réalisation a trait à l’aéronautique avec le développement de scénarios de vol en lien avec Thales, que nous testerons auprès de pilotes sur des problématiques de fatigue et de somnolence. Un simulateur de vol (type A320) est installé et nous écrivons actuellement des scénarios de vol.
Enfin le 3e volet aborde des expériences dans les domaines des troubles du sommeil, maladies mentales et de la maladie d’Alzheimer.

Une classe virtuelle nous a permis de publier sur le comportement des enfants hyperactifs, et un supermarché en 3D (Mémoshop) a été conçu pour détecter des troubles de la mémoire chez les personnes âgées. Notre objectif est de fabriquer des outils diagnostiques et thérapeutiques à partir de PHENOVIRT et de les injecter le plus rapidement dans les services hospitaliers.
Une salle immersive (CAVE) est aussi à disposition. Cette salle pourra tester, dans des environnements écologiques, nos malades (supermarchés, bureaux de consultations, lieux publics...).
Une salle de motion capture nous a de plus permis de faire des progrès considérables dans la conception d'Agents Conversationnels Animés. Ces "humains virtuels" ont pour objectif d'assister les médecins dans le diagnostic par exemple des troubles du sommeil, de la dépression ou encore de l'addiction. Nous sommes également en train de concevoir des outils pédagogiques grâce à la réalité virtuelle. Les premiers bénéficiaires seront les étudiants dans le domaine médical.

Simulateur de conduite - Equipex Phénovirt © Olivier Got

Comment s’est déroulée la mise en place de PHENOVIRT ?

Nous avons eu des difficultés pour mettre en route l’installation du matériel, de par les constructions adjacentes et l’inertie liée à la construction de tout nouveau projet. Mais nous avons été aidés et accompagnés par le CHU pour la construction des locaux et par le PRES université de Bordeaux et la Société d'accélération du transfert de technologies de la région Aquitaine (SATT Aquitaine) pour le déploiement du matériel.

Le contexte actuel vis-à-vis de la recherche avec la baisse des crédits et les difficultés de financement est complexe. Le futur va passer par des partenariats industriels et la valorisation de nos équipements (avec Oktal, Peugeot, Thales et Immersion). La course pour les financements européens Horizons 2020 sera aussi très compétitive. Les contacts que nous avons pu faire en réalité virtuelle peut nous permettre de nous mettre en position de force sur certains appels d’offre.