Les néandertaliens ont bien peint la grotte andalouse d’Ardales

Une étude menée par des scientifiques notamment du laboratoire Pacea conforte l'idée que les dépôts de couleur retrouvés dans la grotte d'Ardales sont intentionnels et datent de presque 65 000 ans. Ces travaux ont été publiés dans la revue PNAS le 2 août 2021.

  • 30/08/2021

L’origine et la date de l’apparition de l’art pariétal préhistorique ne cessent de faire débat. Parmi les sites discutés, la grotte espagnole d’Ardales où une coulée stalagmitique est colorée en rouge par endroits : la coloration daterait de presque 65 000 ans (les plus anciennes peintures de la grotte Chauvet-Pont d'Arc sont datées aux alentours de -37 000 ans, et celles de la grotte de Lascaux à -21 000 ans). Cependant, une partie de la communauté scientifique attribuait jusqu’alors cette coloration à une coulée naturelle d’oxyde de fer. Cette hypothèse vient néanmoins d’être balayée par les résultats* d’une équipe internationale impliquant Francesco d'Errico, préhistorien au laboratoire De la Préhistoire à l'actuel : culture, environnement et anthropologie (Pacea - CNRS, ministère de la Culture et université de Bordeaux).

Des stalagmites aux traces de pigment rouge

En analysant des échantillons de résidus rouges collectés sur la stalagmite et en les comparant avec des dépôts riches en oxydes de fer présents dans la grotte, les scientifiques ont conclu que du pigment à base d’ocre a bien été appliqué sur les stalagmites et surtout que ce pigment a probablement été apporté dans la grotte depuis une source extérieure. Cette structure a donc bien été peinte intentionnellement par des néandertaliens (les humains modernes ne vivaient pas encore sur le continent européen à cette époque).

Par ailleurs, des variations de composition entre les différents échantillons de peinture prélevés, correspondant à des différences chronologiques, parfois de plusieurs milliers d’années ont été relevés : de nombreuses générations de néandertaliens auraient donc visité la grotte et marqué à l’ocre rouge les draperies de cette grande coulée stalagmitique. Cela témoigne d’un intérêt à revenir dans la grotte et à marquer symboliquement un lieu, ainsi que d’une transmission de cette tradition entre générations.

* Le projet a été financé par le Labex Sciences archéologiques de Bordeaux, le grand projet de recherche Human Past et le programme Talents de l’université de Bordeaux.

Thèmes :

Référence bibliographique

The symbolic role of the underground world among Middle Palaeolithic Neanderthals. Africa Pitarch Martí, João Zilhão, Francesco d’Errico, Pedro Cantalejo-Duarte, Salvador Domínguez-Bella, Josep M. Fullola, Gerd C. Weniger, et José Ramos-Muñoz.

Contact scientifique

Francesco d'Errico
Chercheur CNRS au laboratoire Pacea