Podcast : Démystifier le numérique via la science-fiction
Plus dystopique qu’utopique, la science-fiction dépeint souvent les mésusages possibles des innovations technologiques. Le premier podcast des Rencards du savoir 2020-2021 invite à voir comment nous pouvons, à travers elle, questionner nos rapports avec le numérique et faire des choix pour l’avenir.
- 04/11/2020
Le 8 octobre dernier se tenait, à l’UGC Talence, la soirée d’ouverture de la programmation 2020 - 2021 des Rencards du savoir. Sous la forme d’un ciné-débat, elle proposait d’aborder les relations qu’entretient notre société avec les technologies du numérique en s’appuyant sur un épisode de la série Black Mirror intitulé « Hang The Dj ». En partant de la trame principale de ce dernier – une application de rencontre futuriste – ce sont des problématiques bien plus larges qu’ont pu explorer les intervenants. Étaient invités : Nicolas Roussel, directeur du centre de recherche Inria Bordeaux - Sud-Ouest et Natacha Vas-Deyres, enseignante-chercheuse en littérature à l’université Bordeaux Montaigne.
A réécouter dans le podcast (après avoir, si possible, visionné l’épisode afin d’éviter tout spoil !).
Pour aller plus loin
Un brin technophobe, la science-fiction ? À la vue des mondes sombres dépeints par la série Black Mirror et ses consœurs, la réponse semble évidente. « Très souvent, ce n’est pourtant pas la technologie en elle-même qui est représentée négativement mais les usages qu’en font les humains » pointe Natacha Vas-Deyres. Une distinction essentielle puisque le numérique - cette « transformation », ce « raz de marée » comme on le caractérise souvent - n’a rien d’un phénomène naturel.
Les deux chercheurs le rappellent : nous sommes acteurs de la place qu’occupent les technologies dans nos vies, comme de leur nature et de leurs usages. En tant que consommateur, en tant que citoyen aussi. « Puisque nous parlons de transformation, nous devrions nous poser collectivement la question de l’état final visé : que veut-on faire avec le numérique ? » invite à penser Nicolas Roussel. Que veut-on faire, et comment ? La question de l’exploitation des ressources naturelles nécessaires au déploiement de certaines technologies est évoquée lors du débat. À l’aune du changement climatique, c’est également à la problématique de l’empreinte carbone qu’il s’agit de répondre, particulièrement mise en avant actuellement par le télétravail et la dématérialisation de nombreuses activités.
« À Bordeaux, nous voulons investir dans l’émergence de nouvelles thématiques autour de l’apport du numérique au développement durable et à l’écoresponsabilité. C’est un mouvement qui a été engagé, mais nous n’en sommes qu’au début » répond sur ce point Nicolas Roussel. Sur le campus de l’université de Bordeaux, le projet ACT (Augmented university for Campus and world Transition) vise justement à développer des projets expérimentaux axés, notamment, sur ces problématiques.
Le numérique au miroir de l’interdisciplinarité
Pour réaliser des choix politiques, éthiques, législatifs et techniques cohérents et répondant aux attentes de chacun, il faut « faire dialoguer ». Les deux chercheurs le disent de concert. Cela signifie croiser le numérique avec d’autres disciplines, comme le font par exemple les « Convergences du droit et du numérique ». Ces colloques, portés par l’université de Bordeaux, permettent la réalisation de travaux trans-disciplinaires associant des juristes, des avocats, des ingénieurs, des universitaires… Autre temps fort, le « Scandale à la Macropole » a rassemblé des chercheurs et décideurs politiques pour le procès fictif d’une intelligence artificielle (IA). Cet évènement artistique et de médiation scientifique, organisé par l’université de Bordeaux dans le cadre du festival FACTS, « était aussi l’occasion de réaliser une synthèse interdisciplinaire autour de questions relatives à l’IA » souligne Natacha Vas-Deyres.
Mais les deux chercheurs désirent également que les sphères scientifiques et artistiques communiquent entre elles, afin de mettre en récit réflexions et représentations autour des nouvelles technologies. Une approche que Natacha Vas-Deyres a déjà explorée, notamment avec Franck Selsis du Laboratoire d'astrophysique de Bordeaux (LAB, unité CNRSCentre national de la recherche scientifique et université de Bordeaux) et qui intéresse vivement Nicolas Roussel, prêt à construire avec d’autres passionnés de tels projets !
Par Yoann Frontout, journaliste scientifique et animateur des Rencards du savoir
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Programmation grand public annuelle constituée de cafés et de cinés-débats en lien avec des sujets d’actualité, les Rencards du savoir permettent à la recherche bordelaise de sortir des laboratoires et des centres de recherche.
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