Post-vérité © Sébastien Thibault

« Post-vérité : la question de la crédibilité de la recherche scientifique à l'heure des "faits alternatifs" ». C’est autour de ce vaste sujet que vont débattre les 50 intervenants du colloque organisé à l’université de Bordeaux au Pôle juridique et judiciaire les 5 et 6 octobre 2021.

L’origine du projet remonte au premier confinement (printemps 2020), marqué par l’importance du conseil scientifique dans les choix politiques, mais aussi par la polémique autour de l’hydroxychloroquine » explique Charles Mercier, historien à l’université de Bordeaux et membre de l’Institut universitaire de France (IUF). « Lors d’échanges à distance avec Régis Malet (professeur en sciences de l'éducation à l'université de Bordeaux et membre de l'IUF) et Jean-Philippe Warren (Concordia University), nous nous interrogions sur la crédibilité du discours scientifique face à l’assertivité des prises de parole qui semblaient relever pour partie de ce qu’on appelle la "post-vérité".

Avec d’autres collègues, nous avons constitué un comité d’organisation et un comité scientifique. L’Institut universitaire de France, qui incitait ses membres à proposer des colloques régionaux, pour célébrer son trentième anniversaire, a apporté son soutien, tout comme de nombreux départements de recherche de l’établissement, le conseil régional de la Nouvelle-Aquitaine et différents partenaires. L’appel à communications a remporté un fort succès. »

L’ambition est vraiment de croiser plusieurs points de vue disciplinaires autour d’un thème qui nous concerne toutes et tous. Nous espérons que ce colloque ouvert au grand public, qui manifeste l’engagement de l’université de Bordeaux dans les défis sociétaux, sera l’occasion de créer des synergies.

Charles Mercier — Historien à l’université de Bordeaux et membre de l’Insitut universitaire de France

Les défis de la post vérité passés au crible

Post-vérité ? Cette notion, popularisée en 2016, année marquée par le Brexit et l’élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis, désigne une configuration politique et médiatique dans laquelle la crédibilité d’un discours repose moins sur son adéquation aux faits que sur sa correspondance avec les croyances et les pulsions émotives d’une partie de l’opinion publique.

 L’objectif de ce colloque est de faire un état des lieux de la crédibilité de la recherche scientifique dans le monde actuel, en comparant les disciplines (sciences dures, sciences médicales, sciences humaines et sociales, humanités…) mais aussi les aires géographiques (Europe, Amérique du Nord) et des contextes (routines et situations de crise telle que celle vécue en 2020 en lien avec la Covid-19). 

La seconde journée sera plus particulièrement consacrée aux initiatives envisageables, aux pistes pour sortir de cette crise : médiations politiques, juridiques, scientifiques et éducatives… Car, comme le souligne Charles Mercier : « le rôle de l'université est de faire vivre l'esprit critique et de réfléchir collectivement aux manières d'innover en matière de communication scientifique, afin d'augmenter la confiance dans la science et dans la recherche ».