Quand la recherche rime avec réussite

Encourager les chercheurs et notamment les plus jeunes à se lancer dans le dépôt de projets de recherche, c’est le message que souhaite faire passer Sylvain Saïghi, enseignant-chercheur à l’université de Bordeaux. Il est le porteur d’un projet européen innovant en électronique, Ulpec. Témoignage.

  • 04/09/2017

Sylvain Saïghi observe un memristor au microscope © université de Bordeaux Sylvain Saïghi observe un memristor au microscope © université de Bordeaux

Deux ANR - bourses de l’Agence nationale de la recherche - qui ont conduit à un dépôt de brevet national puis international, un projet européen H2020, des travaux publiés notamment dans Nature Communications suivis de quelques articles de presse, comme dans Le Monde… voilà le palmarès actuel affichée par la petite équipe créée et dirigée par l’enseignant-chercheur de l’université de Bordeaux, Sylvain Saïghi. Une réussite qui s’est créée au fil des six dernières années au sein du laboratoire Intégration du matériau au système (IMS, unité CNRS, Bordeaux INP et université de Bordeaux).

Imiter le vivant

Électronicien, Sylvain Saïghi travaille dans un domaine relativement récent : l’ingénierie neuromorphique. Un domaine dans lequel les chercheurs cherchent à imiter le vivant pour construire des machines de plus en plus intelligentes et performantes. Et aujourd’hui, la seule machine capable de réaliser un nombre incalculable de tâches en un minimum de temps tout en utilisant très peu d’énergie, explique-t-il, c’est le cerveau. Il est donc la source d’inspiration de chercheurs qui ont réussi à créer il y a quelques années un composant, appelé memristor.
Il peut reproduire le comportement d’une synapse, la zone de jonction entre deux neurones dont le comportement se modifie au cours du temps permettant notamment l’apprentissage et la mémorisation. Le memristor développé par des chercheurs et collaborateurs parisiens est un nanocomposant électronique qui peut ajuster lui aussi sa résistance sous l’action d’impulsions électriques similaires à celles de neurones. Un composant quasi-intelligent donc !

Électronicien, Sylvain Saïghi travaille dans un domaine relativement récent : l’ingénierie neuromorphique © D. Charles - université de Bordeaux

L’équipe de Sylvain Saïghi a proposé à travers son brevet une solution pour piloter ces memristors en tant que synapse excitatrice ou inhibitrice, ce qui permet d’enrichir les possibilités de calcul (Cf. communiqué de presse suite à la publication dans Nature communications). A quoi cela peut-il servir ? Une des applications imaginées par l’enseignant-chercheur de l’université de Bordeaux serait de coupler une caméra dont les pixels sont inactifs sauf s’ils voient quelque chose qui change dans leur angle de vision à un réseau de neurones permettant la reconnaissance de d’objets. Ce procédé permet d’analyser 100 000 images par seconde en utilisant très peu d’énergie. Pour développer cette innovation, Sylvain Saïghi a obtenu récemment le projet européen Ulpec (Ultra-Low Power Event-Based Camera).

« Ce qui est important de dire à nos jeunes collègues, c’est de ne pas renoncer. Il faut répondre aux appels à projet, se former pour cela, se faire accompagner par tous les services existants à l’université (...)"

C’est d’ailleurs suite à ce résultat qu’il a souhaité témoigner que oui, c’est possible de vivre une success-story en recherche. « Ce qui est important de dire à nos jeunes collègues, c’est de ne pas renoncer. Il faut répondre aux appels à projet, se former pour cela, se faire accompagner par tous les services existants à l’université et sur le campus. Si on y croit, ils nous accompagnent à fond ». Philanthrope Sylvain Saïghi ? Sans doute, mais surtout pragmatique. « Si des projets réussissent, l’université de Bordeaux sera reconnue et particulièrement à l’international. Une reconnaissance qui peut permettre ensuite aux autres chercheurs d’avoir des projets retenus plus facilement. Un cercle vertueux en somme ». Et pour la visibilité, complète-t-il, il est aussi important d’être le porteur de projet et non pas simplement un des participants.

Savoir mettre en œuvre la recherche

Le maître de conférences, enseignant à l’IUT de Bordeaux, n’en reste pas moins réaliste. « Monter une réussite, cela se fait aussi dans la douleur, c’est chronophage... ». En effet, avant les deux ANR, il y a eu une première demande qui a échoué, tout comme pour le projet H2020. D’où la nécessité de se faire accompagner, d’avoir les bons contacts, car la recherche seule ne suffit pas. Il faut savoir la mettre en œuvre, précise-t-il. Et pour cela, il explique avoir pu faire appel à la Société d'accélération du transfert de technologies, Aquitaine Science Transfert pour le dépôt de brevet, la direction des relations internationales et celles des grands projets de l’université - avec le soutien financier de l’Idex Bordeaux - pour le montage de projet européen… D’ailleurs une project manager a rejoint à mi-temps l’équipe composé de 3 chercheurs, 2 doctorants et un étudiant en master pour aider à la gestion du projet européen Ulpec qui a démarré en janvier 2017. Les chercheurs bordelais et leurs différents partenaires académiques et industriels ont désormais trois ans pour réaliser ce nouveau défi !

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Direction des grands projets
Service montage et suivi de projets

Contact scientifique

Sylvain Saïghi
Enseignant-chercheur et responsable d'Ulpec

La Nuit européenne des chercheurs

Sylvain Saïghi participera à la Nuit européenne des chercheurs qui aura lieu à Cap Sciences le vendredi 29 septembre et évoquera ses recherches avec le grand public.