Un prix océanographique

Le chercheur Didier Swingedouw du laboratoire Epoc est récompensé par le prix Christian Le Provost 2015 de l’Académie des sciences pour ses travaux de recherche.

  • 10/09/2015

 Didier Swingedouw lors d'une mission en Atlantique nord @ DR Didier Swingedouw lors d'une mission en Atlantique nord @ DR

Dans une carrière, il est des rencontres qui laissent des empreintes plus fortes que d’autres. Pour Didier Swingedouw, chargé de recherche CNRS au laboratoire Environnement et paléoenvironnements océaniques et continentaux (Epoc, unité CNRS et université de Bordeaux), l’une d’entre elles fut celle avec l’océanographe Christian Le Provost. « Il a participé à ma motivation pour devenir chercheur quand j’étais encore étudiant à l’Ensta il y a moins de 15 ans. Je me souviens encore très bien de ses cours sur les marées. Il savait donner du piment à la recherche ». Cela permet aujourd’hui à Didier Swingedouw, devenu à son tour océanographe spécialiste des courants marins, de savourer doublement le prix Christian Le Provost attribué par l’Académie des sciences pour l’année 2015.

Le chercheur, arrivé à EPOC depuis 2 ans, s’intéresse aux courants océaniques à grande échelle dans l’océan Atlantique. Les mouvements des eaux marines sont en partie dirigés par les variations de densité de l’eau de mer, principalement sensible à deux paramètres : le sel et la température. Les eaux chaudes et salées des tropiques montent vers les hautes latitudes, notamment via le Gulf Stream. Arrivées dans les mers nordiques et du Labrador, elles se refroidissent, plongent en profondeur, puis retournent entre 1000 et 5000m de fond vers l’équateur. « Cette circulation peut être comparée à un gigantesque tapis roulant » simplifie l’océanographe. Elle peut varier dans le temps, sur des échelles assez longues et affecter le climat du fait de son transport de chaleur colossal. « Si on arrive à comprendre ce système de courants grande échelle, on espère pouvoir prévoir en partie le climat des régions bordant l’Atlantique sur des échelles de temps de 10 à 30 ans ! ».

Reconstruire le climat du passé pour se projeter dans celui du futur

Pour mieux comprendre ces courants, les chercheurs étudient l‘Oscillation atlantique multidécennale (AMO), la variation de la température de surface de l’océan en Atlantique Nord, pour laquelle les chercheurs n’ont des données instrumentales que sur les 100 dernières années, mais aussi l’Oscillation Nord Atlantique (NAO), qui donne accès aux grandes variations de la circulation atmosphérique dans nos régions (cf.Prévoir les hivers européens en décryptant 1000 ans d’histoire climatique).

Didier Swingedouw explique être à l’interface de plusieurs disciplines. Il est en effet océanographe, pas en tant que biologiste comme on l’imagine habituellement, mais en tant que physicien. Il étudie les courants de l’océan, selon les lois physiques de la mécanique des fluides. Il travaille notamment sur des modèles numériques couplant océan et atmosphère, et compare ses simulations à des données océanographiques instrumentale ou paléo-climatologiques obtenues in situ, afin de valider leur fiabilité. Cela permet à la fois de comprendre le climat du passé, via la comparaison avec des données des carottes sédimentaires par exemple, mais aussi de pouvoir faire des projections du climat du futur, dans le cadre du changement climatique.
Un physicien campé derrière son ordinateur, on est loin de l’image de l’océanographe aventurier tel le Commandant Cousteau, le reconnaît lui-même Didier Swingedouw en souriant. Mais il participe de temps en temps à des campagnes de prélèvements de données dans l’océan Atlantique de plusieurs semaines afin de garder… un pied dans l’océan ! Il explique d’ailleurs que le métier de chercheur est parfois un peu solitaire, à « débroussailler une thématique de recherche nouvelle » et ce prix Christian Le Provost représente donc une reconnaissance et un encouragement à continuer.

Thèmes :

Direction de la communication, communication@u-bordeaux.fr

Le prix Christian Le Provost

Créé en 2011, ce prix biennal de l’Académie des sciences a été fondé par le CNRS, l'Ifremer, le CNES, l'IRD, le Service hydrographique et océanographique de la marine (SHOM), la Commission océanographique intergouvernementale (COI, Unesco) et le Conseil général des Côtes d'Armor, en hommage à l'océanographe français Christian Le Provost (1943-2004). Ce prix est destiné à récompenser l'auteur de recherches conduites dans un laboratoire français pour des travaux remarquables en océanographie physique et biogéochimique. L'âge du lauréat ne devra pas dépasser 38 ans au 1er janvier de l'année d'attribution.

Contact

Didier Swingedouw
Chargé de recherche CNRS

Climat - modéliser pour comprendre et anticiper

Didier Swingedouw a édité ce support pédagogique avec Christophe Cassou et Aurore Voldoire décrivant les bases de la modélisation du climat ainsi que les principaux résultats obtenus en lien avec le rapport du GIEC 2013