Un ruban vert pour des filets connectés

Un dispositif de localisation sous-marine de filets de pêche a été développé dans un laboratoire de recherche du campus bordelais au travers du projet FIND. Lundi 20 janvier, ce projet a reçu un prix récompensant sa démarche pour une pêche durable.

  • 20/01/2020

Nicolas Lafargue, marin pêcheur, et Guillaume Ferré, enseignant-chercheur en communication numérique à l'IMS @ université de Bordeaux Nicolas Lafargue, marin pêcheur, et Guillaume Ferré, enseignant-chercheur en communication numérique à l'IMS @ université de Bordeaux

« Je ne connaissais pas le milieu de la mer, je l’ai découvert il y a à peine un an, et j’ai été captivé par ce milieu », explique Guillaume Ferré, enseignant-chercheur en communication numérique au laboratoire IMS* et porteur d’un projet autour des filets connectés pour une pêche durable nommé FIND. Ce projet, qui s’est déroulé de mars à décembre 2019, a été financé par le Fond de prématuration de l’Idex Bordeaux et accompagné par le programme d’innovation SPRING Océan (lui-même financé par l’université de Bordeaux et adossé à Aerospace Valley).

L’objectif de ce projet était de développer une méthode de localisation des filets de pêche perdus en mer. En émettant des ondes acoustiques, les filets de pêche « connectés » peuvent être retrouvés plus efficacement par les marins pêcheurs grâce à un système de localisation embarqué sur le bateau. Après seulement un an d’existence, le projet FIND est lauréat du prix du concours Ruban vert dans la catégorie « Bonnes pratiques environnementales de la pêche durable » de l’association Blue Fish, remis au Parlement européen à Bruxelles le lundi 20 janvier 2020.

Une solution technique pour un problème écologique

Si la perte de filets n’est pas un phénomène fréquent, elle est problématique pour des aspects économiques et environnementaux. « Ces filets, pouvant atteindre jusqu’à 10 km de longueur, sont onéreux, leur recherche fait perdre du temps et consommer du fioul, détaille le scientifique. La pêche est perdue, entraînant la mort des poissons notamment. » Selon la position du filet perdu, il peut aussi continuer à capturer des poissons et sa dégradation engendre une importante pollution plastique.

Dans le cadre ce projet, Guillaume Ferré a développé un système de communication sous-marine entre les filets de pêche et le bateau. Des émetteurs appelés pingers et placés sur les filets diffusent des ondes acoustiques, qui sont captées par des récepteurs, ou hydrophones, situés sur le navire des marins pêcheurs. « Le système permet de pointer la zone d’où vient le signal, précise l’enseignant-chercheur. Plus le bateau s’approche du pinger émetteur, plus le système pourra donner sa localisation précise, et donc celle du filet. » Équiper un filet de plusieurs pingers présente l’avantage de retrouver plusieurs morceaux lorsque celui-ci a été sectionné.

Nicolas Lafargue, marin pêcheur, et Guillaume Ferré, enseignant-chercheur en communication numérique à l'IMS et porteur du projet FIND, à l'intérieur du navire "Cresus" © université de Bordeaux

Avec la modélisation du procédé de localisation, qui permet de simuler différentes conditions (météo, état de la mer, etc.) et qui est un outil très fiable, le chercheur a obtenu des résultats très prometteurs. « Les tests en eau de mer n’ont malheureusement pas pu avoir lieu à cause d’une météo capricieuse, mais les essais en eau douce ont permis d’affiner nos réglages et de confirmer l’efficacité du système. »

« J’ai beaucoup aimé rencontrer les marins pêcheurs et en tant que scientifique, je me suis demandé ce que je pouvais faire pour continuer à aider la filière qui est très soucieuse de son impact sur l’environnement et qui est très en attente de solutions techniques. » Très inspiré par FIND, Guillaume Ferré a d’ores-et-déjà déposé un nouveau projet auprès de la région Nouvelle-Aquitaine et de l’Europe, afin de développer de nouvelles fonctionnalités du système.

Guillaume Ferré (à gauche), enseignant-chercheur en communication numérique à l'IMS et porteur du projet FIND, reçoit le Ruban vert dans la catégorie "Bonnes pratiques environnementales pour une pêche durable". © Guillaume Ferré

Un des objectifs de la suite de FIND est d’éviter la prise accidentelle de cétacés dans les filets. Ainsi, Guillaume Ferré veut désormais développer un signal qui puisse à la fois repousser les cétacés et permettre la localisation des filets. Aussi, selon la turbidité de l’eau par exemple, il arrive que les dauphins n’arrivent pas à repérer les filets. « En plus de l’émission d’ondes répulsives, je souhaite augmenter le pouvoir échographique des filets en mettant en place des pingers plus réfléchissants. » Soucieux de limiter la pollution acoustique, le scientifique travaille aussi sur un système de détection d’arrachement, de façon à ce que le pinger « en veille » ne commence à émettre que lorsque le filet est perdu ou qu’il détecte la présence de cétacés.

Guillaume Ferré se réjouit via le prix Ruban vert d’avoir pu présenter le projet devant les eurodéputés en espérant les sensibiliser et trouver des co-financements, et ainsi mener à bout ce projet innovant.

*IMS – Laboratoire de l’Intégration du matériau au système (CNRSCentre national de la recherche scientifique , Bordeaux INP et université de Bordeaux)

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Guillaume Ferré
Enseignant-chercheur en communication numérique au laboratoire IMS (Groupe Signal et Image)