Une grotte préhistorique révèle ses secrets

Un pan du mystère de l'enfant de Border Cave (Afrique du Sud) et de sa parure a pu être levé grâce aux recherches de Francesco d'Errico du laboratoire Pacea et de Lucinda Backwell, chercheur à l'université de Witwatersrand (Johannesburg) et professeur invitée à Bordeaux, publiées dans la revue internationale, Journal of human evolution.

  • 25/03/2016

Fouille menée en 2016 à Border Cave dans le cadre d'une collaboration entre des chercheurs des universités de Bordeaux et de Witwatersrand © F. d'Errico Fouille menée en 2016 à Border Cave dans le cadre d'une collaboration entre des chercheurs des universités de Bordeaux et de Witwatersrand © F. d'Errico

Les restes d'un nouveau-né découverts à Border Cave, une caverne de l’est de l’Afrique du Sud, au cours de la dernière guerre mondiale, ont constitué pendant longtemps un casse-tête pour les chercheurs. Ils étaient considérés par certains comme le plus ancien exemple connu d'une sépulture associée à un objet de parure, mais cette interprétation ne faisait pas l'unanimité à cause de l'ancienneté des fouilles et le manque d'informations sur le contexte de la découverte.

Une recherche qui vient d'être publiée dans Journal of Human Evolution lève un coin de voile sur ce mystère. Francesco d'Errico, du laboratoire PACEA (de la Préhistoire à l'actuel : culture, environnement, anthropologie, unité CNRS, ministère de la Culture et de la communication et université de Bordeaux) et membre du Labex Lascarbx, et sa collègue Lucinda Backwell, chercheur à l'université de Witwatersrand (Johannesburg) et professeur invitée à Bordeaux en octobre dernier, ont découvert dans les archives nationales d'Afrique du Sud des documents et des photos inédites. Ils démontrant que la fosse dans laquelle ont été trouvés les restes du nouveau-né a été bien reconnue lors de la fouille du site menée en 1941 et que ces restes ont été trouvés dans une couche datée par la suite à 74 000 ans.

Le coquillage associé au nouveau-né dans la grotte Border Cave

Une étude poussée du coquillage découvert dans la fosse et d'un autre coquillage provenant probablement de la même couche archéologique a permis à ces chercheurs d'attribuer les coquillages, appartenant au genreConus, à une espèce différente de celle à laquelle ils ont été traditionnellement attribués.
Elle a permis de montrer également que les perforations visibles sur ces derniers ont bien été produites par l'homme, et que les objets portent les traces d'une utilisation comme ornements. Ils étaient, à l'origine, au contraire des restes du nouveau-né, couverts d'ocre, ce qui plaide pour une utilisation symbolique de cette matière pour changer l'apparence des objets de parure il y a déjà 74 000 ans.
Les auteurs dirigent actuellement une nouvelle fouille à Border Cave qui pourrait apporter des renseignements nouveaux sur les plus anciennes pratiques funéraires en Afrique.

Cette grotte avait déjà fait l'objet de recherches publiées en 2012 permettant de repousser de 24 000 ans l'apparition des premières cultures de chasseurs-cueilleurs modernes d'Afrique du Sud.

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Francesco d'Errico
Chercheur CNRS

Références

Earliest evidence of personal ornaments associated with burial: The Conus shells from Border Cave. Francesco d'Errico & Lucinda Backwellb