Une molécule pour se désintoxiquer du cannabis
Deux équipes de chercheurs de l’université de Bordeaux dirigées par Pier Vincenzo Piazza et Giovanni Marsicano (Unité INSERM 862, Neurocentre Magendie) viennent de découvrir une molécule capable de constituer un mécanisme naturel de défense contre les effets néfastes du cannabis. Ces résultats ont été publiés dans « Science » le 3 janvier.
- 06/01/2014
© Péter Mács - Fotolia
Cela fait 20 ans que les équipes de Pier Vincenzo Piazza travaillent sur la problématique de l’addiction au cannabis, phénomène de taille puisque près de 160 millions de personnes dans le monde sont consommateurs de cette drogue, dont 20 millions de toxicomanes.
Le cannabis, particulièrement prisé par les jeunes de 16 à 24 ans contient une substance savamment appelé THC qui est à l’origine des effets psychotropes recherchés par les consommateurs mais aussi responsable des effets toxique de cette drogue. Cela fait 20 ans que de nombreux scientifiques dans le monde cherchent à identifier des molécules qui pourraient contrer les effets du THC et la dépendance qu’il engendre. Dans ce contexte, les équipes de Pier Vincenzo Piazza et Giovanni Maricano se sont intéressés à une hormone stéroïdienne produite naturellement par le cerveau, la prégnénolone, considérée jusque-là comme un précurseur inactif mais qui s’avère augmenter de façon considérable lors de consommation de cannabis. Et qu’en en augmentant de manière excessive, cette prégnénolone bloque les effets du THC et en réduit l’impact sur le cerveau…
Les chercheurs bordelais ont donc mis à jour le nouveau rôle de cette hormone : la prégnénolone constitue un mécanisme de défense naturelle contre le cannabis et peut protéger le cerveau des effets néfastes de cette drogue.
C’est la première fois qu’est mis à jour un tel mécanisme d’auto protection : c’est le THC lui-même qui déclenche la production de prégnénolone qui à son tour inhibe les effets du THC.
Ce phénomène naturel ouvre de nouvelles approches thérapeutiques comme l’explique Pier V. Piazza «La prégnénolone est mal absorbée et rapidement métabolisée par l’organisme et ne pourra pas être utilisée telle quelle comme médicament mais nous avons développé des dérivés qui eux auront des vertus thérapeutiques efficaces. Cette nouvelle classe de médicament agira comme la prégnénolone ». "Nous espérons, reprend le chercheur, commencer des essais cliniques bientôt afin de vérifier si nos attentes se confirment et si nous avons véritablement découvert la première thérapie pharmacologique de la dépendance au cannabis ».