Vendée Globe : l’université de Bordeaux partenaire scientifique du skipper Fabrice Amedeo
Fabrice Amedeo prend le large ce dimanche pour réaliser son deuxième Vendée Globe. Cette fois-ci, le navigateur français veut donner un sens supplémentaire à son défi sportif en menant un projet océanographique, et pour lequel il s’est associé à des établissements de recherche, dont l’université de Bordeaux.
- 06/11/2020
L'université de Bordeaux est partenaire scientifique du Vendée Globe 2020 de Fabrice Amedeo © Jean-Marie Liot / Newrest – Art & Fenêtres
Ce dimanche 8 novembre, 33 bateaux s’élancent dans un tour du monde en solitaire depuis les Sables d’Olonne à l’occasion du Vendée Globe 2020. À bord de son bateau Imoca Newrest – Art et Fenêtres, Fabrice Amedeo se distingue des autres marins en menant deux projets : l’un sportif, l’autre scientifique. Sensible à la conservation des océans, le skipper souhaite naviguer « utile pour la science » et embarque des capteurs qui permettent de collecter des données océanographiques et des microplastiques en mer. Ces derniers seront étudiés par les chercheurs de l’institut de Chimie et de biologie des membranes et des nano-objets (CBMN - CNRS, Bordeaux INP et université de Bordeaux) et du laboratoire Environnements et paléoenvironnements océaniques et continentaux (EPOC - CNRSCentre national de la recherche scientifique , École pratique des hautes études et université de Bordeaux).

Installé à bord du bateau en septembre 2019, le premier capteur océanographique permet de mesurer la teneur en CO2, la salinité et la température des eaux de surface des océans. Ces données sont essentielles pour mieux comprendre l’évolution du climat et le cycle de l’eau sur Terre. Collectées en continu, elles seront directement envoyées aux différents partenaires scientifiques français et internationaux* pour analyse.
Naviguer pour la science
Désireux de mener son projet plus loin, le skipper installe en 2020 un deuxième capteur afin de collecter les microplastiques des eaux qu’il navigue. Pour l’analyse des échantillons, il s’associe à des laboratoires de recherche reconnus pour leurs expertises dans l’étude des microplastiques, dont deux du campus bordelais. « Réunis au sein d’un consortium, les laboratoires CBMN et EPOC, ainsi que de l’Ifremer (laboratoire DCM**) vont se partager les travaux d’identification, de quantification des microplastiques collectés lors du Vendée Globe de Fabrice Amedeo. Le laboratoire EPOC étudiera également la toxicité et l'imprégnation métallique de ces microplastiques. L’IRD (laboratoire LOPS***) sera en charge de la modélisation des résultats pour établir la distribution des microplastiques sur les océans parcourus », explique Sophie Lecomte, chercheuse CNRSCentre national de la recherche scientifique au CMBN impliquée dans le projet.
« Les campagnes océanographiques se font sur des sites très localisés et souvent à deux ou trois ans d’intervalle, ajoute la scientifique. Il est donc difficile d’avoir une vue globale. Ce qui est formidable avec le parcours du Vendée Globe, c’est qu’il permet de sonder une zone très grande et peu étudiée, en un temps très court. On couvre trois océans en un même hiver, c’est inédit. »

Le capteur microplastiques pompe et filtre l’eau de mer en continu. Toutes les 24 heures, Fabrice Amedeo changera les filtres de 300, 100 et 50 µm de vide de maille et les stockera à bord de son monocoque. « La manipulation est assez simple et rapide, donc réalisable en pleine course, précise la chimiste. Et si un empêchement fait dépasser un délai, nous pourrons recalculer la quantification de microplastiques à partir des données de durée, de distance parcourue et de vitesse du bateau. »
Mesurer la pollution plastique pour mieux la freiner
Au retour du navigateur, l’équipe de Jérôme Cachot, professeur en écotoxicologie aquatique au laboratoire EPOC, effectuera une première identification (plastiques, fibres naturelles…) en triant les particules récoltées par taille, par forme et par couleur. L’identification chimique par techniques de spectroscopie sera ensuite réalisée par les chercheurs du CBMN et permettra de connaître les types de plastiques présents. Enfin, les écotoxicologues du laboratoire EPOC analyseront les plus gros microplastiques, pour savoir s’ils contiennent des métaux et s’ils sont potentiellement dangereux.

Des premiers tests ont pu être réalisés lors du Vendée-Arctique-Les Sables en juillet dernier. « Nous avons testé le matériel et validé le protocole d’analyse avec succès, se réjouit Sophie Lecomte. L’Ifremer analysera une moitié des échantillons et nous l’autre, il était donc important de montrer que nos données sont compilables. » Cette course de 10 jours a également permis aux scientifiques de faire une première observation, celle de la présence de microplastiques sur tout le parcours entre la Bretagne et les abords du cercle polaire arctique.
Gobi, fabricant de la gourde française éco-conçue, soutient le projet en tant que mécène de la Fondation Bordeaux Université. Ce financement permettra de recruter un stagiaire en master 2 et un technicien à partir de février 2021 pour le tri et une première analyse des échantillons.

Aux Sables d’Olonne, Fabrice Amedeo est prêt à larguer les amarres et à renouer avec le large. S’il doit assurer les 85 jours autour du monde en solitaire, il peut compter sur l’encouragement des scientifiques bordelais qui suivront sa course avec attention, avant qu’ils ne prennent à leur tour le relai pour analyser les données qu’il aura récoltées.
* Les partenaires scientifiques impliqués dans l’étude des données du capteur océanographique sont : l’UNESCO, l’Ifremer, Geomar, JCOMMOPS et l’Institut Max Planck.
**DCM - Laboratoire Détection, capteurs et mesures (Ifremer)
*** LOPS – Laboratoire d'Océanographie Physique et Spatiale (UBO, CNRS, IRD et Ifremer)
Bon vent à @FabriceAmedeo pour son 2e #VendeeGlobe ! ⛵️L’@univbordeaux est partenaire scientifique du skipper qui embarque un dispositif pour réaliser des mesures océanographiques et collecter des microplastiques pendant sa course #VG2020#OceanCallinghttps://t.co/7SD1Xggpeipic.twitter.com/phrO9xzXQG
— Université de Bordeaux (@univbordeaux) November 8, 2020
Contacts scientifiques :
Sophie Lecomte
Directrice de recherche au CNRS au CBMN, experte en spectroscopies vibrationnelles
Jérôme Cachot
Professeur en écotoxicologie aquatique au laboratoire EPOC
Et aussi...
Les scientifiques bordelais impliqués dans le projet océanographique du Vendée Globe de Fabrice Amedeo travaillent aussi dans le cadre de l’expédition Tara Microplastiques