Vénus n'a jamais pu avoir d'océans
Grâce à un modèle climatique, des scientifiques dont Jérémy Leconte, chercheur CNRS au Laboratoire d’astrophysique de Bordeaux, montrent que les océans n'ont jamais pu se former sur Vénus. Leurs travaux sont publiés jeudi 14 octobre 2021 dans la revue Nature.
- 13/10/2021
Venus © NASA / JPL-Caltech
Vénus, une des quatre planètes telluriques du Système solaire, garde un mystère : a-t-elle déjà abrité des océans ? Si une étude américaine a émis l’hypothèse que oui, elle est aujourd’hui contredite par des travaux* publiés le 14 octobre 2021 dans la revue Nature impliquant Jérémy Leconte, chercheur CNRS au Laboratoire d’astrophysique de Bordeaux (LAB – CNRS et université de Bordeaux).
Grâce à un modèle climatique de dernière génération, l’équipe de recherche a établi un scénario différent de l’étude américaine : après sa formation, la jeune Vénus était couverte de magma. Pour former des océans, il aurait fallu que la température de son atmosphère diminue afin de permettre des pluies de plusieurs milliers d’années, comme ce fut le cas sur Terre.
Or, même si peu après la naissance de Vénus, il y a 4,5 milliards d’années, le Soleil était 30 % moins lumineux, cela n’aurait pas suffi à ce que la température de la jeune planète diminue suffisamment pour générer des océans.
Vénus, risque de pluie : 0%
Une telle diminution aurait pu être possible si la surface de Vénus était à l’époque protégée du rayonnement solaire par des nuages. Or, ce modèle de climat a montré que ces derniers étaient principalement du côté nuit de Vénus (le côté qui n’est pas atteint par le Soleil). Sauf que de ce côté, les nuages ne pouvaient pas protéger du rayonnement solaire absent.
Au contraire, au lieu d’offrir une protection, ils ont contribué au maintien des températures élevées en provoquant un effet de serre piégeant la chaleur sous la dense atmosphère. La pluie ne pouvant pas tomber si la température est trop élevée à la surface, les océans n’ont donc jamais pu apparaître selon ce modèle climatique.
Les futures missions spatiales allant étudier la voisine de la Terre, telles que Envision prévue à l’horizon 2030, ainsi que Davinci et Veritas prévues en 2029, devraient ramener des données permettant de confronter ces résultats théoriques.

*En France, ont participé à ces travaux des chercheurs du Laboratoire d’astrophysique de Bordeaux (LAB - CNRS et université de Bordeaux) et du Laboratoire « atmosphère et observations spatiales » (LATMOS/IPSL – CNRS, université Versailles St Quentin et Sorbonne Université). L’étude a été dirigée par l’université de Genève en Suisse.
Source : CNRS
Référence bibliographique
Day–night cloud asymmetry prevents early oceans on Venus but not on Earth. Martin Turbet, Emeline Bolmont, Guillaume Chaverot, David Ehrenreich, Jérémy Leconte et Emmanuel Marcq.