« Lutter contre la précarité des étudiants est une priorité »

La crise sanitaire liée au COVID-19 et l’obligation de confinement pour tous plongent certains étudiants dans une situation précaire et préoccupante. L’université de Bordeaux s’est mise en ordre de marche pour aider les plus démunis. Le point avec Anne Marie Tournepiche, vice-présidente en charge de la vie étudiante et vie de campus.

  • 31/03/2020

campus Montaigne-Montesquieu © Arthur Péquin campus Montaigne-Montesquieu © Arthur Péquin

Face à cette situation d’urgence, quel est le constat ? Qui sont les étudiants les plus touchés ? Comment les avez-vous identifiés ?

Cette crise sanitaire sans précédent rend la condition des étudiants en situation précaire encore plus difficile. Cela touche particulièrement ceux dont le contexte social et familial est déjà compliqué, ceux qui n’ont pas pu rentrer chez eux et restent confinés dans leur résidence universitaire, dont de nombreux étrangers, ceux qui ont perdu leur emploi étudiant parce que les établissements dans lesquels ils étaient employés ont fermé, les couples sans ressources avec de jeunes enfants, et globalement ceux qui sont isolés et fragiles… Certains ont à peine de quoi se nourrir. Nous avons tout de suite contacté par mail ceux dont nous avons connaissance et envoyé un message à tous les autres le samedi 20 mars pour les informer du dispositif d’aide mis en place par l’université. La commission d’aide sociale, dont le CROUS fait partie, s’est réunie jeudi 26 mars pour traiter les demandes. Nous avons répondu à plus de 90 demandes, et nous en avons reçu 100 nouvelles depuis notre mail du samedi 20 mars. Chacune est examinée individuellement.

Comment l’université de Bordeaux se mobilise-t-elle en ce moment pour venir en aide à ces étudiants en difficultés ? 

L’une des priorités de l’université de Bordeaux est de tout mettre en œuvre pour identifier et accompagner les étudiants se trouvant dans une situation rendue encore plus difficile par cette crise.
Pour ce faire, la commission d’aide sociale se réunira désormais au moins une fois par semaine (au lieu d’une fois par mois) le temps que durera cette crise. Et nous pouvons également faire du cas par cas pour traiter les situations particulièrement urgentes. Par ailleurs et bien que les services à l’étudiant soient fermés au public, une continuité de service est assurée : l’Espace santé étudiants (ESE) propose une permanence téléphonique infirmière, des téléconsultations médicales et de soutien et d’écoute psychologique. Les personnels des Bureaux de la vie étudiante répondent à toutes les questions et des permanences téléphoniques ont été mises en place afin de traiter de toute difficulté (financière, sociale) rencontrée.
Et surtout, nous avons réfléchi à des dispositifs réactifs pour parer aux situations les plus urgentes en plus du dispositif d’aide social classique.

Concrètement, de quoi s’agit-il ?

Le dispositif permet aux étudiants les plus vulnérables de solliciter une aide exceptionnelle de l’université de 200€/mois de confinement pour les besoins de première nécessité et/ou de 300€ pour l’acquisition d'un ordinateur si nécessaire pour continuer à se former. Les étudiants peuvent également faire des demandes d’aides financières en lien avec des difficultés d’accessibilité numérique (extension de forfait, cartes 4G par exemple). Après attribution, les fonds sont versés environ 10 jours plus tard sur le compte des bénéficiaires.
En parallèle, et pour traiter immédiatement les situations les plus urgentes, l’université de Bordeaux a mis en place la distribution d'e-cartes (Carrefour) créditées d’un montant de 50 euros permettant d’acheter des produits alimentaires et de première nécessité.
Nous en avons déjà distribué une centaine.
A ce jour, nous n’avons aucune visibilité sur le nombre de demandes qui vont arriver. Quoiqu’il en soit, nous nous adapterons et élargirons notre champ d’action si besoin.
Enfin, nous nous préparons activement ainsi que l’Espace santé étudiants et en coopération avec le CROUS à aider et soutenir celles et ceux qui seront malades. Parallèlement, le vice-président étudiant, Paul Marsan, finalise la mise en place d’une plateforme téléphonique d’écoute entre pairs. Le but est de lutter contre l’isolement, de créer et maintenir du lien social.
La solidarité est, et restera notre préoccupation majeure.