Valoriser le patrimoine documentaire
La conservation et la valorisation du patrimoine documentaire sont des enjeux méconnus pour les bibliothèques universitaires, à l’échelle de chaque établissement mais également de l’ensemble du territoire. A l’université de Bordeaux, c’est le service de coopération documentaire qui s’en charge. Romain Wenz est responsable de cette mission, en concertation avec les différents responsables du réseau des bibliothèques.
- 10/09/2019
Livre ancien © Romain Wenz
« J’aime comprendre comment les choses marchent, dans un ordinateur, comme dans un livre ». Conservateur de bibliothèque, Romain Wenz est particulièrement familier des technologies numériques, voir même un poil geek… Chef de projet informatique à la Bibliothèque nationale de France puis aux Archives de France, il est arrivé à l’université de Bordeaux il y a deux ans pour développer le service de valorisation du patrimoine documentaire qui comprend 6 personnes. Un vaste projet dont le volet numérisation des documents est en pleine évolution.
Des perles rares
La bibliothèque universitaire de Bordeaux possède un fonds documentaire patrimonial important qui nécessite des conditions spécifiques de conservation. « Selon la définition du code du patrimoine, le patrimoine documentaire écrit regroupe un ensemble de documents anciens, rares ou précieux qui peuvent être conservés dans une bibliothèque » explique Romain Wenz.
Précisions : un ouvrage est ancien lorsqu’il est édité de façon artisanale avant la révolution industrielle (1830), à l’exemple de l’encyclopédie Diderot et d’Alembert dont l’université de Bordeaux possède un exemplaire. Un ouvrage est rare lorsqu’il est compliqué à obtenir et précieux lorsque sa valeur marchande est importante, de par sa rareté justement. L’université de Bordeaux possède 40 000 ouvrages de ce type. Citons par exemple la première édition de De Revolutionibus orbium coelestium (Des révolutions des sphères célestes) écrit par l'astronome polonais Nicolas Copernic (1473–1543) parue juste avant sa mort, qui se trouve dans les rayons de la bibliothèque de l’université de Bordeaux; cet ouvrage a été restauré l’an dernier. Tout comme une édition de 1490 d’un ouvrage de l’astronome Sacro Bosco illustré de graphiques, qui servit à Christophe Colomb pour préparer son voyage...
Un patrimoine témoin de l’Histoire et de son évolution
« Nous possédons également des périodiques (revues) anciens qui sont autant de traces de la vie quotidienne de l’époque et que nous numérisons progressivement. De nombreux numéros de la Revue des jeux scolaires (fin 19e à 1930) ont également été indexés par Gallica, la bibliothèque numérique de la BNF, par conséquent consultable par le monde entier. Le Journal de médecine de Bordeaux (1850-1910) est particulièrement intéressant pour éclairer les enseignants sur les activités des praticiens à l’époque, au même titre que le Bulletin de l’Institut du Pin (fin 19e) qui donne de précieuses indications sur les débouchés de la résine… » De même, de nombreux documents parmi lesquels des thèses soutenues à Bordeaux depuis la fin du 19e siècle sont de précieux témoins de l’histoire de l’université, mais aussi de la façon dont étaient enseignées et pratiquées les différentes disciplines.
Babord-Num a vocation à s’enrichir régulièrement au gré de nouvelles campagnes de numérisation, et en fonction des besoins des chercheurs avec des numérisations à la demande. Ce service, mis en place en 2019 porte sur les documents libres de droit (principalement, publiés avant 1901) et conservés dans les bibliothèques du réseau universitaire bordelais (université de Bordeaux, Université Bordeaux Montaigne, Sciences Po Bordeaux, Bordeaux INP, Bordeaux Sciences Agro).
Tous les lecteurs inscrits, étudiants ou enseignants chercheurs ont accès à ce service gratuit et peuvent faire une demande de numérisation sur ces documents. « Aujourd’hui, nous constatons une évolution dans le processus de numérisation. Des documents non numérisables jusqu’alors vont le devenir. Nous avons un enjeu au niveau régional sur la conservation partagée de toutes ces données patrimoniales et l’université de Bordeaux a un vrai rôle à jouer » conclut Romain Wenz.
Contact
Romain Wenz
Responsable du service du patrimoine documentaire
05 56 84 62 18
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