Diane Potart, un tissage de santé et d’innovation

Doctorante de l’université de Bordeaux au laboratoire Biotis, Diane Potart était l'une des 16 finalistes nationaux de l’édition 2021 du concours Ma thèse en 180 secondes. Portrait d’une passionnée par l’alliage entre santé et ingénierie qui se défie hors sa zone de confort.

Diane Potart © Brool video Diane Potart © Brool video

« Quand nous avons eu le calendrier de Ma thèse en 180 secondes, j’ai noté uniquement les deux premières dates… À chaque étape réussie, j’ai dû ressortir mon agenda et noter la date suivante ! », explique Diane Potart, doctorante en biologie cellulaire et physiopathologie de l’université de Bordeaux au laboratoire Bio-ingénierie tissulaire (Biotis - Inserm et université de Bordeaux).

Sélectionnée lors de quatre étapes du concours d’éloquence, elle n’en revient pas d’avoir décroché une place en finale nationale à Paris le 10 juin dernier. « N’étant pas à l’aise avec la prise de parole en public, je m’étais inscrite pour me lancer le défi de monter au moins une fois sur scène. C’est fou d’être parmi les 16 derniers candidats de France ! »

Savoir s’exprimer en public, une compétence utile à vie

Née dans le Val-de-Marne, la jeune femme de 27 ans a grandi en bordure de forêt dans la petite commune de Soisy-sur-Seine en Essonne. Elle se décrit comme « plutôt casanière », « pas du tout aventurière » et « devant se faire un peu violence ». Et pourtant, elle se lance.

D’abord dans des études d’ingénieur à l’Université technologique de Compiègne en filière biomécanique et biomatériaux, puis en parallèle dans un master recherche pendant le dernier semestre. Elle n’hésite pas à partir à Boston pour un stage de 6 mois dans un laboratoire de recherche, ou à poser ses valises à Bordeaux pour entamer une thèse sans jamais y avoir mis les pieds. « Il y a ma zone de confort et la zone où il y a les trucs cools. Il faut trouver le juste milieu et se laisser une petite période d’adaptation », constate-t-elle.

 

 

Les « trucs cools », Diane Potart en fait au cours de sa thèse qui allie santé, innovation et ingénierie : elle crée des vaisseaux sanguins humains tissés à partir de matériaux biologiques produits par les cellules. Après mise en culture de cellules de peau, la doctorante prélève la matrice extracellulaire - la substance dans laquelle elles vivent - sous forme de feuillets. Puis elle découpe ces derniers en rubans très fins de la taille de fils, qu’elle assemble manuellement comme dans du textile. « Pour cela, j’utilise littéralement un métier à tisser. Il a la particularité d’être circulaire afin obtenir la forme d’un vaisseau. C’est un peu comme si je tissais une chaussette, mais à l’échelle du millimètre ! »

L’objectif est de remplacer un vaisseau sanguin qui ne remplit plus ses fonctions, s’est dilaté ou bouché, lors de l’athérosclérose par exemple. « L’avantage est que le matériau utilisé est principalement du collagène, présent partout dans le corps, précise-t-elle. Les cellules mises en culture ayant été dévitalisées, on minimise le risque de rejet. »

Tisser des déviations pour contourner les bouchons

Contrairement aux vaisseaux qui proviennent d’un autre endroit du corps du patient, la disponibilité n’est pas limitée. « À l’heure actuelle, on traite aussi avec des prothèses synthétiques mais elles fonctionnent moins bien pour les petits vaisseaux, ajoute Diane Potart. Notre vaisseau biologique peut solutionner ces aspects. »

La jeune chercheuse étudie particulièrement la conservation et la stérilisation du matériau, dans l’objectif de mettre à disposition des praticiens un produit implantable, « prêt à l’emploi » en situation clinique. Elle s’intéresse aussi à la miniaturisation du greffon vasculaire pour la phase d’essais précliniques. « Je travaille avec une chirurgienne microvasculaire qui implante mes petits greffons de 8 mm de long et d’un diamètre interne de 1,6 mm chez le rat. Cela permet de voir si c’est implantable, fonctionnel, etc. »

L’acceptation du stress, un déclic

Actuellement en 3e année, la doctorante prévoit de soutenir sa thèse en 2022 et souhaiterait travailler dans une start-up, pour évoluer dans une structure réunissant santé et innovation de pointe.

 

« Avec Ma thèse en 180 secondes, j’ai pris goût à vulgariser mes recherches et écouter les autres partager leurs travaux passionnants, relate-t-elle. Mais la grande découverte a été d’apprendre à accepter mon stress ! » Si elle semble parfaitement à l’aise une fois sur scène, la finaliste explique qu’elle est toujours aussi stressée avant chaque prestation et qu’elle répète tous les jours pour se rassurer. « En revanche, une fois dans ma bulle, je n’y pense plus, et pendant 180 secondes je récite le texte que j’ai tant pris plaisir à écrire. » Quant à la finale nationale à Paris le 10 juin prochain, Diane Potart s’y rend en se disant que « la grosse joie, c’est d’avoir réussi mon défi personnel, le reste c’est du bonus ! »

Intitulé de la thèse de Diane Potart : « Production, stérilisation et implantation de vaisseaux sanguins humains, issus de l'ingénierie tissulaire, obtenus par tissage de fils de matrice extracellulaire »

Diane Potart finaliste nationale

Premier prix de la finale du regroupement des universités Bordeaux - Bordeaux Montaigne - Pau - La Rochelle le 18 mars dernier, Diane Potart a été retenue suite à la demi-finale nationale du jeudi 1er avril comme finaliste nationale avec 15 autres candidats. Le jury l'a sélectionnée parmi 58 doctorants candidats de toute la France. Le 10 juin prochain, les 16 finalistes s'affronteront lors de la finale nationale organisée par la CPU et le CNRS entièrement à distance. L’événement est à suivre en direct sur Facebook, YouTube et le site du concours. Un vote aura lieu pendant le direct. Afin de participer au prix des internautes, il faut s’inscrire avant le 7 juin 2021. L'édition 2021 est parrainée par Fred Courant, journaliste scientifique, ancien co-présentateur de l’émission C’est pas sorcier et aujourd’hui responsable de L’Esprit sorcier.

Thèmes :

Culture et diffusion des savoirs, Doctorat, Recherche, Vie de campus

Mise à jour le 15/06/2021

À revoir en vidéo

Vignette web YouTube finale MT180s

Retrouvez l'intégralité de la finale de l'université de Bordeaux sur la chaîne YouTube de l'université ainsi que les vidéos des 25 candidats du concours de l'université de Bordeaux, édition 2021: les demi-finalistes et les finalistes.