Sexisme, misogynie, harcèlement, c’est quoi le problème avec les garçons ?

Engagée pour l’égalité entre les femmes et les hommes, l’université de Bordeaux organise régulièrement de nombreuses actions de sensibilisation sur les campus. Extrait d’un échange avec Eric Macé, sociologue « féministe » à l’occasion d’une conférence sur ce thème.

  • 22/03/2019

©thodonal ©thodonal

A la suite des mouvements féministes, nous somme passés d’une société organisée par la hiérarchie de genre à une société fondée sur l’égalité de genre. Mais nous sommes les héritiers d’une culture patriarcale moderne qui justifiait cette hiérarchie par la différence biologique de sexe, et ceci jusque dans le cœur de notre pensée démocratique, avec Jean-Jacques Rousseau qui justifiait l’exclusion des femmes de la politique au prétexte que "l’homme n’est mâle que quelques instants alors que la femme est femelle toute sa vie".

Misogynie : adj et n. Du grec ancien misosgyné : il est formé de deux mots grecs anciens (misos) haine et (gyné) femme. Qui éprouve du mépris, voire de la haine, pour les femmes, qui témoigne de ce mépris.

"On trouve des échos contemporains à cette misogynie dans l’éducation différente des filles (associées à "l’altruisme obligatoire" et au "soin" des autres) et des garçons (associés à "l'égocentrisme légitime" de leurs "projets"), de sorte que pour devenir un garçon il faut déprécier tout ce qui est féminin et traiter certains de "pédés"." Explique Eric Macé. Plus largement, avec l’égalisation croissante des conditions, le sexisme apparaît aussi comme un instrument de défense des privilèges de la masculinité dès lors que les garçons et les hommes comprennent que les filles sont en moyenne meilleures à l’école que les garçons, dans toutes les disciplines et à tous niveaux confondus.

Mais dès qu’elles entrent dans le marché du travail et dans la vie conjugale, elles font l’expérience d’un inégal partage des tâches parentales et domestiques, d’une valorisation du temps partiel pour "concilier" (en réalité pour cumuler) vie professionnelle et vie personnelle, avec pour conséquence le "plafond de verre" de carrières, de salaires et de retraites moindres.

On trouve cette même incapacité masculine à dorénavant penser les individus comme des individus égaux lors de la dénonciation chaque jour de nouveaux scandales de harcèlement professionnel ou de violence conjugale typique de ces masculinités "toxiques". Le harcèlement est finalement un signe de fragilité identitaire. Certains mouvements ont permis de libérer et dénoncer ces violences, qui sont de plus en plus visibles dans les médias sur les réseaux sociaux. 

Harcèlement : n,m. Attaques continues dans le but d'épuiser ou de tourmenter la victime, afin de forcer ou de contourner le non-consentement.

Eric Macé

Eric Macé est sociologue, membre du Centre Émile-Durkheim et enseignant à la faculté de sociologie de l'université de Bordeaux. Il développe une sociologie générale des rapports de pouvoir, appliquée notamment aux rapports de pouvoir dans la culture (sphère publique, médiacultures), relatifs au genre et aux ethnicités. 

Agir contre le harcèlement sexuel et les violences sexistes et homophobes

Une cellule de veille contre le harcèlement sexuel, les violences sexistes et homophobes a été mise en place au sein de l'université de Bordeaux.