Fermé actuellement au public, l’Espace santé étudiants n’en est pas moins actif. Au contraire. Il a juste fallu adapter l’organisation en proposant aux étudiants une permanence téléphonique infirmière ainsi que des téléconsultations médicales et de soutien psychologique.

Marine Boudet est médecin généraliste à l’ESE depuis 2012. Elle reçoit d’habitude les étudiants sur rendez vous. « La majorité de mes patients consultent pour des questions habituelles de médecine générale pour leur âge ou pour des problèmes de ce qu’on appelle « santé mentale » dans notre jargon, c’est-à-dire, stress ou dépression, situations souvent liées à la pression des études. La plupart vivent loin de leur famille ou sont internationaux, en mobilité pour leurs études. Nous sommes une aide importante pour eux. »
Pas question donc de fermer boutique en ces temps d’épidémie. « Nous avons mis quelques jours à caler cette mise en place de téléconsultations. Qui fait quoi ?  Au début, c’était vraiment l’inconnu, on se savait pas du tout à quoi s’attendre, ni même si nous aurions des patients…. »

Chacun chez soi

C’est via la plateforme Doctolib que Marine Boudet et les autres médecins de l’ESE consultent désormais. Chacun chez soi. « Les infirmières qui assurent la permanence téléphonique analysent au mieux les demandes et les trient. La moyenne est de 4 à 5 (télé)consultations par jour versus 15 à 20 en temps normal. L’agenda n’est volontairement pas ouvert.  Les rendez-vous sont pris et renseignés via l’interface. Je prévois des créneaux de 30 mn en moyenne par personne, plus long s’il y a une problématique de santé mentale ». A l’heure dite, le patient entre dans la salle d’attente virtuelle et la téléconsultation se déroule en visio.  Ordonnances, synthèses de consultation, fiches conseils sont ensuite stockées et accessibles sur un espace de document partagé de la plateforme.

Covid-19 ou pas Covid-19 ? 

« En cas de suspicion du virus, nous avons mis au point un protocole hyper précis afin d’évaluer tous les symptômes et les facteurs de gravité. Nous intégrons dans ce cas  les patients au sein de la plateforme Rafael Covid-19 mise en place par le CHU et l'université .

Les étudiants sont ainsi suivis quotidiennement par les externes en médecine impliqués dans ce dispositif et également recontactés par une de nos collègues infirmières ou médecin.
Ainsi, rien n’est laissé au hasard. « Chaque fin de semaine, mes confrères et moi débriefons en visio conférence, c’est très important ».

Les points positifs

« Cette façon de travailler m’a fait faire un bon dans le numérique. C’est un point intéressant !
Par ailleurs et avant tout, cet exercice permet de mieux écouter les patients. Puisque l’on ne peut pas les ausculter, nous devons être beaucoup plus attentif à leurs paroles. Et, écouter mieux, c’est très bien ! De fait, la question se pose de l’examen systématique : a-t-on toujours besoin de tout toucher pour diagnostiquer? » Vaste débat … à nuancer car les téléconsultations sont adaptées pour certains motifs mais totalement hors sujet pour d'autres où on ne peut se passer de l'examen clinique. Cet outil fort utile en ce moment, ne convient ni à tous les médecins, ni à tous les patients.