Quelques réflexions (et beaucoup de veille) sur les projets d'innovation ouverte en lien avec la pandémie du #COVID19, en lien aussi avec le projet européen INOS qui m'occupe actuellement !

Dans la crise sanitaire actuelle, l'intelligence collective marche à plein. Je n'aime pas vraiment ce terme, que je n'utilise pas particulièrement, mais force est de reconnaître que de nombreuses forces vives se sont retrouvées autour d'un enjeu commun : lutter contre cette pandémie. La COVIDbase en recense un grand nombre, et certaines ont fait la une : un médecin et une entreprise italienne ont conçu une valve imprimable en 3D qui se fixe sur le masque Easybreath de Décathlon, des modèles de masques (ou écrans anti-postillons) s'échangent entre amateurs et professionnels, des fablabs et makers de toute la France s'organisent pour fournir des visières de protection aux soignants, une communauté virtuelle de contributeurs se constitue et collabore sur des tests de dépistage sous licence libre grâce à la plateforme Just One Giant Lab, des médiateurs de science s'impliquent pour communiquer et sensibiliser largement le grand public, plusieurs plateformes numériques cherchent à connecter ceux qui peuvent aider de ceux qui peuvent bénéficier de leur aide, sans parler des nombreuses démarches de solidarité à l'échelle d'une ville ou d'un quartier.

Voilà pour les "citoyens". Et les universités ? Elles ne sont pas en reste : outre les démarches classiques de recherche (et elles sont nombreuses, dans toutes les disciplines, à l'université de Bordeaux comme ailleurs), cette période met en lumière leur implication dans des approches nouvelles relevant de la science et de l'innovation ouvertes. Citons :

• science citoyenne : plus que jamais, des chercheurs associent le grand public à leurs travaux pour collecter des données, accélérer leur annotation...
• publications et données sous licences libres : de nombreuses initiatives pour partager librement la connaissance produite existent et confirment cette lame de fond, qui n'est pas de l'ordre du gadget mais une nécessité absolue comme l'affirme Marin Dacos, conseiller auprès du Ministère
• inventions licenciées à des conditions privilégies : au Royaume-Uni, UCL et sa filiale de valorisation permettent à des organismes d'utiliser gratuitement leur invention dérivée de machine CPAP, utilisée d'ordinaire contre l'apnée du sommeil
• challenges et marathons d'innovation : qu'il s'agisse de développer des solutions pour sortir sainement de la crise (Ecole Polytechnique) ou des ressources pour promouvoir la santé publique (University of Georgia), ou des solutions pour améliorer la qualité de vie pendant le confinement (Université de Lorraine), les universités se sont tournées vers ces formats (en ligne cette fois) afin de favoriser la créativité et l'innovation de leurs communautés (étudiants, chercheurs, personnels)
• projets étudiants : au MIT et à Stanford, des prototypes de respirateur artificiel utilisant un ballon autoremplisseur ont été développé au fil du temps par des étudiants (voir capture ci-dessous) : la mobilisation des ressources du MIT face à la crise a permis au projet E-Vent d'aboutir et surtout d'être partagé

Dans la conception traditionnelle de l'innovation ouverte, celle d'Henry Chesbrough en particulier, des entreprises renforcent et diversifient leur capacité d'innovation en s'ouvrant à des partenaires de l'écosystème. Mais la littérature traite assez peu des autres formes d'innovation ouverte, comme celles qui tournent autour du secteur public, et en particulier de l'enseignement supérieur et de la recherche. Avec le projet européen + INOS,nous creusons actuellement ces questions au sein du service innovation de l'université de Bordeaux, lesquelles feront l'objet d'un prochain article :-)

En attendant, restez chez vous, prenez soin de vous et de vos proches, mais n'ayez pas peur du virus de l'innovation !