Donner des couleurs au quotidien

Lucas Bento De Carvalho est doctorant à l’université de Bordeaux. Cet étudiant de 28 ans troque volontiers son costume de chargé de TD en droit pour s’occuper de son association Appellation d’origine campus qu’il a créée afin de permettre à tous la culture de légumes bio.

Lucas Bento, association Appellation d’origine campus © Lucas Bento Lucas Bento, association Appellation d’origine campus © Lucas Bento

Quel est votre parcours universitaire ?

J’ai fait tout mon cursus à la faculté de droit de Bordeaux. J’ai choisi cette discipline car j’ai toujours apprécié le débat d’idées et au départ j’étais attiré par le métier d’avocat. Je me suis ensuite spécialisé en droit du travail en master, avant de démarrer une thèse dans cette discipline. Ce qui est intéressant dans ce domaine, c’est la façon de gérer une relation généralement déséquilibrée entre deux parties, dans laquelle l’intervention d’une tierce personne est nécessaire. En devenant chargé de TD, j’ai découvert et pris goût à l’enseignement. J’aimerais devenir enseignant-chercheur pour continuer mes activités de recherche tout en donnant des cours.

Parlez-nous de votre association, Appellation d’origine campus.

J’ai eu l’idée de créer une association de jardins partagés à l’université. J’en ai rapidement parlé à un ami qui m’a aidé à monter ce projet. J’appréciais le jardinage, et être à l’extérieur en général. J’avais pris conscience de l’impact de la production de certains aliments sur l’environnement et diminué ma consommation de viande. Je voulais axer mon alimentation sur davantage de légumes et surtout, je voulais les produire moi-même. N’ayant pas de jardin, j’ai alors songé au domaine universitaire et à ses vastes espaces verts. L’université de Bordeaux a vite été convaincue par ce projet dans l’air du temps. Nous avons bénéficié des soutiens financiers et en nature de la part du Crous, qui nous a notamment fourni un local, et de l’université de Bordeaux et du Service interuniversitaire de gestion du domaine universitaire (SIGDU) qui nous ont procuré le terrain.

Les jardins se situent près du Village 5, non loin de l’arrêt de tramway Doyen Brus. Nous avons commencé à les aménager en février 2010. Trois mois plus tard, nous mangions nos premiers légumes cultivés. Ils varient selon les saisons : fèves et poireaux en hiver, aubergines et tomates en été. Nous avons débuté à deux et maintenant nous sommes une vingtaine dans l’association, de tous niveaux et venant des deux universités bordelaises. Mais il est important de dire que l’association est ouverte à tout le monde et nous attendons d’ailleurs de nombreux jardiniers pour rejoindre notre équipe !

Qu’est-ce que ces jardins apportent aux étudiants?

Les jardins leur permettent de produire eux-mêmes des légumes bio de saison. Ils ont ainsi une meilleure connaissance des aliments et de leurs modes de production. Cela les rend aussi plus exigeants sur ce qu’ils achètent. L’apprentissage des techniques de culture constitue autant de compétences pouvant être mises en œuvre lors de la création éventuelle de jardins individuels. De quoi conquérir une petite part d’autonomie alimentaire ! Cela aide également à développer un lien social plus fort avec les autres étudiants et de tous les âges dans un environnement moins urbain. D’une façon générale, c’est une activité complémentaire aux études qui permet de donner des couleurs au quotidien. On s’approprie le campus et on comprend mieux comment fonctionne l’université. On sort, pour un moment, de son statut d’étudiant pour rencontrer de nouvelles personnes.

Comment pourriez-vous faire évoluer ce projet?

Nous souhaiterions accueillir plus de membres d’autant qu’il y a de la place et du potentiel ! Au-delà du jardinage, il y a beaucoup à faire en terme de sensibilisation au tri des déchets et au compostage, dans les cités universitaires, par exemple. Et puis, si nous sommes plus nombreux, la production sera forcément plus importante. L’été, nous sommes en effectif réduit mais l’entretien des jardins doit continuer. Il reste toujours au moins une personne pour s’en occuper. La diversité des profils des jardiniers doit permettre d’assurer une présence régulière.

Est-ce facile de concilier études et vie associative?

Oui, dès lors que cela correspond à un équilibre du quotidien. Personnellement j’ai besoin de pratiquer cette activité, au même titre que le sport. C’est un moyen de sortir du cadre des études pendant un moment, de ne pas limiter ses centres d’intérêts aux seuls sujets connexes de ses études.

Myriam Amami

Mise à jour le 18/02/2014

Pour en savoir plus

Cotisation annuelle : 13€/an