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Passionnée, passionnante. Si elle se dévoile à demi-mots, Perrine Berment, jeune doctorante de l'université de Bordeaux a pourtant bien des choses à raconter. Premier portrait de ces étudiantes pour qui les mathématiques peuvent devenir automatiques à l'occasion de la semaine qui leur est consacrée.

Perrine Berment, lauréate aquitaine du concours Ma thèse en 180s Perrine Berment, lauréate aquitaine du concours Ma thèse en 180s

« Arriver plus tôt que sa co-bureau… Apprendre à nettoyer la bouilloire avec du vinaigre… Done !... A(∇u)-A(∇v) = ρ0(∇u)-ρ0(∇v) » Une figure géométrique dans un plan orthonormé. Un smiley. Et une vache qui se lèche les babines. Sans doute normande, puisque Perrine est née à Rouen. C'est devant ce tableau blanc, transformé en patchwork coloré et saugrenu, que la doctorante accueille. Dans son bureau, à l’Institut de mathématiques de Bordeaux, elle code pendant une grande partie de ses journées. Bien loin des maths théoriques, elle applique ses connaissances en analyse et programmation à la médecine. Devant son écran, elle réalise des modélisations : comment se déplacent, se multiplient ou meurent les cellules cancéreuses. On pourrait ainsi prévoir entre deux examens de radiothérapie l’évolution d’un cancer et les risques pour le patient. Appliqués aux métastases du poumon, les résultats sont pour le moment très positifs ! Une étude parfaite pour quelqu’un qui, au lycée, hésitait entre les deux disciplines. Et pourtant. Dans 5 mois, sa thèse sera bouclée et elle quittera le monde de la recherche. Elle désire autre chose. 
Sa bouffée d'oxygène à elle, c'est se retrouver deux fois par semaine devant « une classe de 25 ». Durant trois heures. Diffuser le savoir, partager sa passion : Perrine veut passer à un grand bol d’air journalier, elle désire enseigner. Actuellement ses élèves sont dans une formation de la deuxième chance. "Encore plus gratifiant" me dit-elle. L’alternative de devenir enseignant-chercheur ne l’intéresse pas, elle veut être professeur de mathématiques en lycée ou classe préparatoire. Elle s’interroge même sur une possible vocation dans le journalisme.

« La vulgarisation scientifique, c’est ce que j’adore. Je veux que les gens arrêtent de me dire : c’est dur les maths ! ».

A quoi ressemblent les journées d'une mordue de mathématiques ? Sans doute assez éloignées des clichés que vous pouvez imaginer. Au bureau, les plages horaires sont assez libres et l’ambiance détendue. Quoi de mieux quand les méninges s'échauffent de se reposer l'esprit avec l’humour cru et culotté de GiedRé ? Le jazz emporté d'Ibrahim Maalouf ou l’indie pop des Shake Shake Go l’accompagnent également dans son travail, mais sa drogue auditive la plus courante est la BBC. Quand elle jongle avec nombres et vecteurs, elle aime entendre en fond sonore les voix empressées des journalistes anglais. Pourquoi pas ?
Le soir, elle s’adonne à la cornemuse - celui qui partage sa vie est breton, on comprend mieux - mais n’utilise souvent que le practice* : « on tient à nos voisins ». Pour faire comme tout le monde, elle pratique également le kayak polo - considérant sans doute que le water-polo, c’est un peu trop simple – ainsi que le parapente et le tir à l’arc. Les vacances d’été, elle ne sera certainement pas figée derrière un écran. Etats-Unis, Guadeloupe, Martinique, Australie, Indonésie, Sénégal, Tunisie… Elle aime voyager. Beaucoup ? Aucune réponse. Elle n’aime pas en revanche quantifier. Surprenant pour une matheuse, non ?

 par Yoann Frontout, étudiant en master Médiations des sciences et membre des Dealers de science

 *practice : flûte d’entrainement à la cornemuse

Perrine Berment a participé au concours Ma thèse en 180s 2015, et a terminé 3e de la finale régionale à Pau. Elle a également remporté l'édition régionale 2016 de ce concours. Retrouvez ses performances à Pau en 2015 et lors de sa finale à l'université de Bordeaux le 1er avril 2016.

  

Mise à jour le 29/05/2017

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